Le bon filon de la dépendance
De plus en plus de personnes font appel à des assurances privées pour se couvrir en cas de perte d’autonomie.
dans l’hebdo N° 1220 Acheter ce numéro
Il ne fait pas bon vieillir en France. Après la réforme des retraites qui allonge la durée de la vie active, la prise en charge de la dépendance glisse doucement du secteur public au secteur privé. Et l’État ne semble pas pressé d’inverser la tendance. Certes, les chiffres ne sont pas encore alarmants, mais ils illustrent bien le manque de confiance et la peur qu’inspirent les moyens publics alloués à la santé. En 2011, le nombre de personnes ayant souscrit un contrat d’assurance dépendance a augmenté de 6 %, selon une étude de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Depuis le 1er janvier 2002, l’État propose pourtant une allocation personnalisée d’autonomie (APA), censée soutenir financièrement les personnes ayant besoin d’une aide dans les tâches quotidiennes. Une garantie insuffisante pour les 5,5 millions de personnes qui préfèrent dépenser en moyenne 78 euros par an pour un contrat d’assurance collectif (entreprise) et 358 euros par an pour un contrat individuel. Ce business rapporte près de 552 millions d’euros aux compagnies d’assurance, aux mutuelles et aux institutions de prévoyance, qui n’ont pas de souci à se faire malgré ces temps de rigueur.
Durant la campagne présidentielle, face à Nicolas Sarkozy, qui avait renvoyé à plus tard la question du financement de la dépendance, François Hollande promettait une réforme. Il évoquait même la création d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale, aux côtés de la maladie, de la vieillesse, de la famille et des accidents du travail, qui répondrait aux besoins de ces personnes devenues incapables de se débrouiller seules. Les élections gagnées et le budget accordé à la santé revu à la baisse, un trait a vite été tiré sur cette annonce. Début septembre, Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, annonçait que la grande réforme à venir attendrait 2014 et qu’il ne serait pas question de mettre à contribution la Sécurité sociale. Alors qu’une aide à domicile peut coûter jusqu’à 1 000 euros par mois, et que l’APA s’élève en moyenne à 500 euros mensuels, 2012 et 2013 risquent d’être de nouvelles années fructueuses pour les assurances privées.