Le Désir de Martine

Jusqu’au bout, la première secrétaire du PS aura maintenu le suspense sur le nom de son successeur.

Michel Soudais  • 13 septembre 2012 abonné·es

Jean-Christophe Cambadélis ou Harlem Désir ? Mardi midi, on ignorait encore lequel des deux Martine Aubry allait désigner pour lui succéder à la tête du parti. La première secrétaire avait jusqu’à minuit pour déposer la motion commune qu’elle présente avec Jean-Marc Ayrault et derrière laquelle toutes les sensibilités ont été priées (et même sommées) de se ranger. Ce qui, en vertu des statuts modifiés en 2010, assure au premier signataire de cette motion majoritaire de « rassemblement » la certitude de s’asseoir dans le fauteuil du premier secrétaire à l’issue du congrès de Toulouse (26-28 octobre). Si la maire de Lille a pesé avec Jean-Marc Ayrault et François Hollande les mérites des deux postulants à la fonction, si elle a beaucoup consulté les ténors du PS, le choix de l’heureux élu ne dépend finalement que de son bon vouloir. Ce processus de cooptation est inédit au PS. Après le calamiteux congrès de Reims, marqué par l’élection contestée de Martine Aubry, un nouveau mode d’élection a été adopté au milieu des différentes mesures retenues pour rénover le PS : dorénavant, celui qui conduit la motion arrivée en tête à l’issue d’un scrutin à deux tours devient le premier secrétaire. Cette règle était, en gros, celle qui était en vigueur jusqu’en 1997. Mais la décision d’Aubry et d’Ayrault de rassembler tout le parti derrière une motion unique, volonté en partie réalisée, a complètement perverti la procédure d’élection du patron des socialistes. Les militants, auxquels la rénovation du PS devait redonner la parole, en sont réduits à assister en spectateurs à un processus qui combine, selon le mot juste du sénateur Gaëtan Gorce, « le meilleur du Vatican et le meilleur du Kremlin ». Le PS est ainsi devenu ces derniers jours le royaume de la rumeur. Celle-ci assurait qu’Harlem Désir, soutenu par les poids lourds du gouvernement, l’emporterait. Mais l’eurodéputé, prudent, se gardait bien de la confirmer, préférant attendre que « la fumée blanche » soit sortie du bureau de Mme Aubry.

Politique
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