Proche-Orient : L’omniprésent conflit israélo-palestinien
Toujours irrésolue, la question est au centre de la crise syrienne et en toile de fond du dossier iranien.
dans l’hebdo N° 1217 Acheter ce numéro
Depuis soixante-quatre ans, le conflit israélo-arabe, devenu israélo-palestinien, occupe la scène internationale. Il connaît des pics de violence, et des périodes d’accalmie apparente. Depuis l’offensive menée par Israël sur Gaza fin 2008, début 2009, le conflit est moins présent dans les médias occidentaux. Il perdure cependant. La colonisation de Jérusalem et de la Cisjordanie se poursuit, des raids sporadiques sur Gaza ont lieu, et la haine est toujours là, comme en témoigne le lynchage d’un adolescent palestinien par des jeunes Israéliens, le 16 août à Jérusalem, symptôme de la dérive raciste de toute une société. L’attitude du gouvernement israélien, dont le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Liberman, demande le départ du président de l’Autorité palestinienne, « complice diplomatique des terrorismes », et la complaisance de la communauté internationale semblent hélas donner raison aux plus radicaux des Palestiniens. Tous les compromis du monde concédés par Mahmoud Abbas ne suffisent jamais. C’est pourtant aujourd’hui que la communauté internationale devrait se mobiliser pour imposer à Israël le gel de la colonisation et la reconnaissance d’un État palestinien. À cet égard, il faut au moins se féliciter de la résolution de l’Internationale socialiste, qui s’est prononcée lundi pour le boycott des produits en provenance des colonies. Mais, dans l’ensemble, les grandes puissances se comportent comme si elles attendaient que le conflit finisse par s’éteindre de lui-même par le renoncement des Palestiniens. Illusion, bien sûr !
Mais, surtout, le conflit se poursuit aussi hors des limites d’Israël et des territoires palestiniens. Il est omniprésent dans tout le Proche et le Moyen-Orient. On attend de voir quelles seront les conséquences durables des révolutions arabes, principalement égyptienne, sur la Palestine. Et deux plus gros dossiers actuels de la situation internationale lui sont étroitement liés. La guerre civile en Syrie et l’affaire du nucléaire iranien sont marquées à des degrés divers par le conflit israélo-palestinien. En Syrie, les opposants sont soupçonnés de recevoir un renfort intéressé des grandes puissances, obsédées par leur soutien inconditionnel à Israël. En particulier avec l’objectif d’affaiblir le Hezbollah libanais, allié de Damas. Ce qui a l’inconvénient dramatique de reléguer, aux yeux de beaucoup d’observateurs, les questions sociales et démocratiques qui sont pourtant au centre du soulèvement. Quant à l’offensive qu’Israël annonce contre les sites nucléaires iraniens, elle n’est guère critiquée sur le fond, mais uniquement pour des raisons techniques ou d’opportunité politique. L’absurdité réside dans une situation où l’on est près par tous les moyens à empêcher Téhéran d’accéder à l’arme atomique, alors que l’on tolère qu’Israël possède plusieurs centaines de missiles nucléaires, au mépris de toute convention internationale. On en vient à invoquer les résolutions de l’ONU à propos de l’Iran, alors qu’Israël est sans doute le pays au monde qui a violé ou ignoré le plus grand nombre de résolutions des Nations unies. Cherchez l’erreur !
Alors que seule une démilitarisation de la région, Israël et Iran compris, aurait une logique. De ce point de vue, la visite à Téhéran de Ban Ki-Moon, à l’occasion du sommet des Non-Alignés, fut un geste courageux. Le secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs provoqué la colère des États-Unis et d’Israël. Car, quels que soient les mots très durs qu’il a prononcés à l’encontre d’Ahmadinejad, tout comme d’ailleurs le président égyptien, Mohamed Morsi, sa présence à Téhéran et celle de cent vingt pays apparaissent comme une victoire diplomatique de l’Iran.