Élections sous tension en Israël

Par les législatives anticipées, Netanyahou veut profiter d’un climat guerrier.

Denis Sieffert  • 18 octobre 2012 abonné·es

Le Parlement israélien a donc voté mardi, comme prévu et à une très large majorité, sa dissolution, et convoqué des législatives anticipées pour le 22 janvier prochain. En précipitant un scrutin qui devait intervenir en octobre 2013, Benyamin Netanyahou espère évidemment profiter du climat guerrier qu’il a méthodiquement créé depuis plusieurs mois. « Dans moins de cent   jours, a déclaré l’actuel Premier ministre et chef du Likoud (droite), le peuple d’Israël choisira qui le dirigera face aux plus grands défis que nous ayons connus en termes de sécurité depuis la fondation de l’État, et qui le conduira face à la pire crise économique que le monde ait connue depuis quatre-vingts   ans. » Dans le genre « dramatisation », on ne pouvait guère faire mieux ! Le leader de la droite se présente comme le seul capable d’assurer la sécurité du pays face à la « menace nucléaire » iranienne. Il espère ainsi conforter sa coalition très droitière, formée du Likoud et de formations religieuses et ultranationalistes, que les sondages donnent largement favorite.

La tension suscitée par l’instrumentalisation d’une « menace iranienne » a pour M. Netanyahou de multiples avantages : installer à la Knesset une majorité de la peur qui lui serait soumise, reléguer les effets sociaux de sa politique ultralibérale, et faire oublier la question palestinienne. À cet égard, le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques des Nations unies, Jeffrey Feltman, vient de s’inquiéter de la « dérive dangereuse » du conflit israélo-palestinien. Il a réitéré la condamnation par l’ONU de la colonisation israélienne, et dénoncé « les violences commises par les colons, notamment les dommages causés à sept mille oliviers appartenant à des Palestiniens ». Tout ce que M. Netanyahou veut cacher, et que la déclaration d’un responsable de l’ONU a peu de chance de remettre au premier plan de l’actualité internationale.

Mais la stratégie du dirigeant israélien qui vise à avoir les mains libres, tant dans le dossier iranien que pour intensifier la colonisation des territoires palestiniens, se déroule aussi sur un autre champ. Celui de l’élection américaine du 6   novembre. M.   Netanyahou joue clairement la carte Romney, qui lui rend bien… Si tout se réalise comme le souhaite le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, l’horizon pourrait être dégagé fin janvier pour quelques projets funestes.

Monde
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