L’éolien en manque de souffle

La filière du vent attend un signe fort du gouvernement, que la Conférence sur l’environnement n’a que partiellement livré.

Patrick Piro  • 4 octobre 2012 abonné·es

C’est une performance flatteuse : le 24 septembre, les éoliennes ont couvert, par moments, 9 % de la demande d’électricité du pays. Depuis janvier, le parc, de près de 7 000 mégawatts (MW), en a pourvu globalement 2,8 %, assurant la consommation de plus de 5,5 millions de personnes. La filière est pourtant en proie à l’incertitude. Les raccordements de mâts au réseau sont en chute libre : 215 MW seulement à mi-année, un tiers de moins qu’en 2011, année d’étiage. Le parc européen cumule désormais 100 000 MW de puissance, tiré par des locomotives comme l’Allemagne, l’Espagne, le Danemark, le Royaume-Uni ou le Portugal. La France – pourtant deuxième gisement éolien européen – est à la traîne, et les professionnels ont fait leur deuil de l’objectif du Grenelle, 25 000 MW en 2020. Les raisons du décrochage national : manque de soutien économique, complexité administrative, défaut de volonté politique. En mai dernier, une association d’opposants à l’éolien attaquait, sur une possible faille juridique, le décret octroyant un tarif d’achat préférentiel pour l’électricité éolienne, disposition majeure pour la rentabilité de la filière. Le Conseil d’État est dans l’attente d’un avis de la Commission européenne.

La Conférence sur l’environnement des 14 et 15 septembre n’a apporté qu’un peu réconfort à la filière. Le gouvernement va certes supprimer le zonage « ZDE », qui contraignait l’implantation des mâts et allongeait les délais de réalisation des projets – jusqu’à huit ans en France, trois de plus qu’en Allemagne ! Néanmoins, s’il a confirmé son attachement au mécanisme du tarif, il attend le Conseil d’État plutôt que de publier un nouvel arrêté inattaquable. Enfin, si le gouvernement a confirmé le lancement d’un appel d’offres pour des parcs éoliens en mer, avec le premier, datant de début 2012, la « commande » publique n’atteint que la moitié des 6 000 MW de l’objectif « mer » du Grenelle.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« L’exploitation minière, un modèle est intrinsèquement prédateur et destructeur »
Entretien 8 janvier 2025 abonné·es

« L’exploitation minière, un modèle est intrinsèquement prédateur et destructeur »

Une nouvelle ruée minière a lieu dans le monde, au nom de la transition énergétique. Une fausse solution et des politiques mensongères que décrypte la journaliste et philosophe Celia Izoard.
Par Vanina Delmas
Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique
Écologie 8 janvier 2025 abonné·es

Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique

Face à l’objectif d’électrification du parc automobile européen, ce métal mou aiguise l’appétit de plusieurs projets industriels en France. Une course à l’exploitation minière qui semble ignorer les principes de sobriété et de nombreux enjeux écologiques.
Par Tristan Dereuddre
Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »
Entretien 11 décembre 2024 libéré

Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »

La juriste a une obsession : transformer notre rapport au vivant, et transformer le droit. Dans le livre Décoloniser le droit, elle explique comment le droit français est encore le fruit d’un projet néolibéral et colonial, et dit l’urgence qu’il y a à le bouleverser.
Par Vanina Delmas
Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »
Luttes 4 décembre 2024 abonné·es

Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »

Le chercheur Gaëtan Renaud a mené pendant huit mois une enquête auprès des collectifs citoyens qui ont bataillé et gagné face à des grands projets imposés et polluants entre 2014 et 2024. Il nous livre un panorama de ces dix années de luttes locales qui ont fait bouger quelques lignes. Entretien.
Par Vanina Delmas