L’éolien en manque de souffle
La filière du vent attend un signe fort du gouvernement, que la Conférence sur l’environnement n’a que partiellement livré.
dans l’hebdo N° 1221 Acheter ce numéro
C’est une performance flatteuse : le 24 septembre, les éoliennes ont couvert, par moments, 9 % de la demande d’électricité du pays. Depuis janvier, le parc, de près de 7 000 mégawatts (MW), en a pourvu globalement 2,8 %, assurant la consommation de plus de 5,5 millions de personnes. La filière est pourtant en proie à l’incertitude. Les raccordements de mâts au réseau sont en chute libre : 215 MW seulement à mi-année, un tiers de moins qu’en 2011, année d’étiage. Le parc européen cumule désormais 100 000 MW de puissance, tiré par des locomotives comme l’Allemagne, l’Espagne, le Danemark, le Royaume-Uni ou le Portugal. La France – pourtant deuxième gisement éolien européen – est à la traîne, et les professionnels ont fait leur deuil de l’objectif du Grenelle, 25 000 MW en 2020. Les raisons du décrochage national : manque de soutien économique, complexité administrative, défaut de volonté politique. En mai dernier, une association d’opposants à l’éolien attaquait, sur une possible faille juridique, le décret octroyant un tarif d’achat préférentiel pour l’électricité éolienne, disposition majeure pour la rentabilité de la filière. Le Conseil d’État est dans l’attente d’un avis de la Commission européenne.
La Conférence sur l’environnement des 14 et 15 septembre n’a apporté qu’un peu réconfort à la filière. Le gouvernement va certes supprimer le zonage « ZDE », qui contraignait l’implantation des mâts et allongeait les délais de réalisation des projets – jusqu’à huit ans en France, trois de plus qu’en Allemagne ! Néanmoins, s’il a confirmé son attachement au mécanisme du tarif, il attend le Conseil d’État plutôt que de publier un nouvel arrêté inattaquable. Enfin, si le gouvernement a confirmé le lancement d’un appel d’offres pour des parcs éoliens en mer, avec le premier, datant de début 2012, la « commande » publique n’atteint que la moitié des 6 000 MW de l’objectif « mer » du Grenelle.