Soutien aux salariés de PSA Aulnay
Les salariés de l’usine PSA manifestaient samedi 29 septembre à Aulnay-sous-Bois. Selon la mairie, 400 familles aulnaysiennes sont touchées par le plan de licenciement.
Ce samedi 29 septembre en début d’après-midi, la place Jupiter à Aulnay-sous-Bois était parée des couleurs de la CGT. En arrivant sur la place – plus connue pour accueillir trois fois par semaine le marché des 3000 – on constate d’un coup d’œil sur les drapeaux que le syndicat est une force incontournable de PSA Aulnay. La CGT est en réalité le deuxième syndicat de l’usine, menacée de fermeture, derrière le Syndicat indépendant de l’Automobile (SIA). Mais parmi le millier de manifestants, aucun membre du SIA : le syndicat d’entreprise ayant apparemment préféré une action matinale à l’ouverture du Salon de l’Automobile.
« Le SIA a décidé de mener une action tout seul. Avec la CGT nous faisons ce qui a été voté en assemblée générale , déclare Jean-Pierre Mercier. Nous irons au Salon de l’Automobile le 9 octobre, mais aujourd’hui nous avons voulu réaliser ce rassemblement pour faire le lien avec la population. »
Dans la cité des 3000, beaucoup connaissent l’usine pour y avoir travaillé. « La majorité des salariés de PSA habite ici » explique Mustapha, arborant un badge CGT sur sa blouse PSA. Le rassemblement prend parfois des allures de retrouvailles quand des retraités de PSA rejoignent leurs anciens collègues. D’après la mairie, 400 familles aulnaysiennes seraient touchées par le plan de licenciement.
Politiques et militants au soutien des salariés
La mairie d’Aulnay est donc très impliquée dans le combat des travailleurs de PSA. La mairie a placé un périmètre d’étude sur l’usine pour que la direction du groupe ne puisse pas vendre les terrains. Elle aide aussi les salariés en finançant des cars et en leur prêtant une scène pour leur rassemblement. On peut d’ailleurs y croiser beaucoup de personnalités locales : le maire socialiste Gérard Ségura, le député Daniel Goldberg (socialiste également), mais aussi le curé d’Aulnay, Patrick Morvan. « Je connais quelques paroissiens touchés par le plan de licenciement, dit-il. Ce qui touche à la vie des gens est important . Il faut que les chrétiens s’impliquent quand la dignité de l’homme est atteinte. »
Venu en soutien également, le groupe lillois Zone d’expression populaire (ZEP). Pour ce groupe militant, leur présence était évidente :
« Notre musique résonne dans ce public parce qu’ils ont une conscience de classe, confie le chanteur. On prend plaisir à être là et ça s’inscrit dans notre lutte collective. Si c’était possible économiquement, on ne ferait que des concerts comme celui-là. »
Comme le groupe, de nombreux militants de gauche se sont déplacés pour soutenir les travailleurs. On peut d’ailleurs se demander si les tours de la cité – construite à la fin des années 1960 en prévision de l’ouverture de l’usine Citroën – avaient déjà vu autant d’hommes et femmes politiques en si peu de temps. Parmi les écharpes tricolores, on peut reconnaître Éric Coquerel (PG) et Marie-George Buffet (PC). On voit aussi les anciens candidats à la présidentielle Olivier Besancenot (NPA), Arlette Laguiller (LO) et Philippe Poutou (NPA). Ce dernier est accompagné de nombreux salariés de Ford-Blanquefort, venus à Paris pour une action à l’ouverture du Salon de l’automobile. « Ce matin nous étions 370 dans le train, pour la plupart de Ford. On est là en tant que salariés de l’automobile. Notre usine reste menacée » précise-t-il, tout en proposant que les différentes entreprises en lutte puissent se réunir pour décider d’actions communes.
Contre «la casse de l’industrie»
Les salariés de PSA ont invité de nombreuses entreprises de Seine-Saint-Denis :
« On ne doit pas rester isolés, explique Jean-Pierre Mercier. On doit s’adresser aux autres boîtes en lutte ainsi qu’à celles qui sont surchargées de travail alors qu’on perd le nôtre. »
Sur la place Jupiter, on pouvait notamment croiser des salariés de Sanofi (Romainville), d’Air France (Tremblay-Roissy), de l’imprimerie Rotos 93 (Blanc-Mesnil). « Au delà de PSA, il s’agit de défendre l’avenir de l’industrie en Île-de-France , déclare Miguel Hernandez, adjoint au maire d’Aulnay et président du groupe Front de Gauche au conseil municipal. Si on abandonne PSA, on laisse la porte ouverte pour la casse de l’industrie. Renault a déjà fait des annonces il y a quelques jours. Malheureusement, le ministre du redressement productif est en train de lâcher prise. »
Comme lui, nombreux sont ceux qui critiquent l’action du gouvernement. La CFDT a sorti un tract qui dénonce les « coups de menton » d’Arnaud Montebourg. Éric Coquerel déclare que « le gouvernement aurait dû dire non depuis longtemps. » Des suggestions sont faites à l’endroit du ministre du redressement productif. Pour Miguel Hernandez, « il faut maintenir la production de la C3 juqu’en 2016, puis produire un nouveau modèle écologique. » La Ligue des Droits de l’Homme du 93, venue soutenir les salariés met en avant dans un communiqué « d’autres choix possibles qui maintiennent l’activité et l’emploi (…) : transition écologique, relocalisation des productions, satisfaction de nouveaux besoins … »
Reste que pour l’instant, PSA ne veut rien entendre. « La direction refuse les négociations tripartites proposées par le gouvernement, explique Jean-Pierre Mercier. La seule chose qu’ils acceptent de discuter, c’est le montant des subventions que l’État leur versera pour la fermeture de l’usine. »
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