Cécile Duflot n’a pas froid aux yeux

La ministre ne serait pas opposée à la réquisition des surfaces vides. Les associations craignent un énième effet d’annonce.

Pauline Graulle  • 1 novembre 2012 abonné·es

Dimanche, un SDF est mort de froid à Paris. Le premier « mort de la rue » (selon l’expression consacrée, reprise par un collectif éponyme), à la veille de l’hiver. Histoire de se démarquer de ses prédécesseurs, Cécile Duflot, ministre du Logement, a voulu faire preuve de volontarisme… et le faire savoir : « Si nécessaire, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, je ferai appel à l’ensemble des moyens dont nous pouvons disposer, la réquisition [des logements vides, une loi de 1945, NLDR] fait partie de cette panoplie. » Un « si nécessaire » de trop pour les défenseurs des victimes du mal-logement. « Sur les 150 000 sans-abri, combien doivent encore mourir pour que la réquisition devienne “une nécessité” auprès de la ministre du Logement ? », s’est indigné Maël Goepfert, secrétaire national au logement du Parti de gauche. L’association Droit au logement (DAL) a rappelé que les mal-logés sont 300 000, alors que 100 000 logements appartenant au parc public (HLM, État…) et privé demeurent vacants. « Ce qu’on attend tous, c’est la mise en œuvre [de cette loi de réquisition, NDLR] », a réagi Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, qui demeure « vigilant et mobilisé pour que ces engagements ne restent pas des paroles en l’air ».

Même circonspection de Jeudi noir, qui nous a opportunément rafraîchi la mémoire : « Christine Boutin en son temps puis Benoist Apparu avaient, eux aussi, fait mine de s’interroger sur la réquisition, sans jamais la mettre en œuvre […]. La ministre peut-elle croire sérieusement que les minuscules 50 millions d’euros supplémentaires annoncés dans le budget suffiront à reloger les 150 000 sans-abri ? », s’est interrogé le collectif, qui invite la ministre à remplacer « l’affichage médiatique » par des « décisions politiques courageuses ». Après s’être fait rabrouer sur le cannabis, avoir vu sa loi sur le logement social annulée par le Conseil constitutionnel, et avalé les couleuvres du traité européen, la « grande gueule » Cécile Duflot essuiera-t-elle une nouvelle déconvenue ? Voilà qui donnerait lieu à d’autres drames humains. Et à une terrible faute politique.

Société
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