Jean-Vincent Placé : Une alerte désavouée

Les déclarations de Jean-Vincent Placé interrogent sur la stratégie personnelle du numéro deux d’EELV.

Patrick Piro  • 15 novembre 2012 abonné·es

Le petit monde politico-médiatique et les réseaux sociaux ont globalement réagi sur le mode du désaveu, voire de la raillerie, devant la menace brandie par Jean-Vincent Placé d’une sortie du gouvernement : il ne parlerait qu’en son nom propre, il traduirait son amertume de n’être pas ministre, etc. Paradoxalement, ces commentaires contribuent à donner du crédit à ses propos parce qu’ils sonnent faux. Si Jean-Vincent Placé semble avoir donné dans le registre d’un Noël Mamère, la comparaison s’arrête là. Le député-maire de Bègles est coutumier, lui, des critiques en franc-tireur, dans une fonction autodéterminée de vigie qu’EELV et ses partenaires politiques ont appris à circonscrire. Le sénateur Placé, pour sa part, est d’abord un homme d’appareil, numéro deux d’EELV, et un stratège aux émotions calculées. Il a largement contribué au succès de Cécile Duflot et de ses amis depuis quatre ans. Ce qui lui vaut de solides inimitiés dans son propre camp : il serait carriériste, opportuniste.

Certes, il manifeste des ambitions personnelles. Il nous indiquait l’an dernier vouloir désormais rouler pour son propre compte. Cependant, l’animal Placé ne pratique pas la course politique en solo. Par son interrogation sur l’utilité de la place des écologistes au gouvernement, même s’il en atténue aujourd’hui la portée par des contorsions de langage, il signalerait avoir compris avant ses camarades que la ligne jaune, pour EELV, venait d’être pesamment franchie avec l’adoption de ce pacte de compétitivité, anti-écologique par bien des aspects. Une manière d’affirmer son emprise sur les futures manœuvres de son parti.

Politique
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres
Politique 22 novembre 2024 abonné·es

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres

Les opposants au premier secrétaire du parti tentent de rassembler tous les sociaux-démocrates pour tenter de renverser Olivier Faure. Mais le patron des roses n’a pas dit son dernier mot. Au cœur des débats, le rapport aux insoumis. Une nouvelle fois.
Par Lucas Sarafian
2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires
Quartiers 20 novembre 2024 abonné·es

2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires

Assurés d’être centraux dans le logiciel insoumis, tout en assumant leur autonomie, de nombreux militant·es estiment que 2026 sera leur élection.
Par Hugo Boursier
« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »
Élections municipales 20 novembre 2024 abonné·es

« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »

L’historien Gilles Candar, spécialiste de la gauche et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès, analyse l’institutionnalisation du mouvement mélenchoniste et expose le « dilemme » auquel seront confrontés ses membres aux élections de 2026 : l’union ou l’autonomie.
Par Lucas Sarafian
Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes
Enquête 20 novembre 2024 abonné·es

Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes

Le mouvement insoumis prépare son offensive pour remporter des mairies aux prochaines municipales. Des élections qui engagent un bras-de-fer avec les socialistes et légitimeraient la stratégie de Jean-Luc Mélenchon sur l’abstentionnisme et les quartiers populaires.
Par Lucas Sarafian