José Bové : « Il faut sortir des aides à l’hectare »
Le Conseil européen doit se réunir les 22 et 23 novembre pour fixer le budget de la politique agricole commune pour 2014-2020. Le député européen José Bové nous en explique les enjeux.
dans l’hebdo N° 1228 Acheter ce numéro
La politique agricole commune (PAC) demeure un grand sujet de discorde entre le Parlement européen, la Commission européenne et certains pays membres de l’UE. José Bové, député européen Europe Écologie-Les Verts (EELV) et vice-président de la Commission agriculture de Bruxelles, déplore la menace d’un blocage des négociations.
Toutes les négociations concernant le vote du budget de la PAC sont-elles bloquées, et quelles sont les conséquences prévisibles ?
José Bové : Un certain nombre de pays, essentiellement l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les pays nordiques, veulent réduire le budget de la PAC de 5 à 10 %. De nombreux gouvernements considèrent en effet qu’il est impératif de diminuer les aides allant à l’agriculture, c’est-à-dire le deuxième pilier de la PAC (les crédits dédiés au développement rural et non liés aux quantités de denrées produites), ce qui affecterait son verdissement, puisque 30 % des aides de la PAC sont liées à la préservation de l’environnement. Comme il s’agit d’aides cofinancées par les gouvernements, un blocage de ces derniers signifierait une chute du financement des précautions écologiques.
Quelles aides resterait-il alors ?
On continuerait comme avant, en finançant surtout le premier pilier, c’est-à-dire les aides directes (les primes versées aux producteurs pour compenser les baisses de prix), qui aboutissent au fait que 80 % des aides sont captées par 20 % des exploitations, celles qui en ont le moins besoin. Or, les parlementaires d’EELV proposent justement de plafonner ces aides à 100 000 euros par exploitation, alors que la limite est actuellement de 300 000 euros. Mais une majorité des États membres refusent ce plafonnement, qui dégagerait pourtant 7,5 milliards d’euros pour aider les petites fermes. Celles de moins de 50 hectares, des fermes de polyculture et d’élevage qui, souvent, se consacrent à des productions bios.
D’où proviennent ces résistances ?
Y a-t-il d’autres points de friction ?
Oui, à propos des agrocarburants, qu’il faudrait ne plus soutenir. Or, la France vient de décider de passer à 7 % la quantité maximale de carburants végétaux à incorporer à l’essence et au diesel, tandis que l’Europe l’a fixée à 5 %. Il nous faut obtenir que les cultures pour faire rouler les voitures disparaissent progressivement, et que soient supprimées les aides qui leur sont attribuées et se montent chaque année à plusieurs centaines de millions d’euros.