Le peuple du périph

Il est impossible d’indiquer précisément le nombre de SDF en France. Tout au plus peut-on dire que les évaluations varient de 90 000 à 160 000 individus, dont une dizaine de milliers rien qu’à Paris. Mais il suffit de parcourir la capitale et les grandes villes de France pour constater qu’ils sont de plus en plus nombreux : hommes, femmes, couples, familles entières… Des Roms, qui focalisent l’attention, mais aussi des Français, des Européens, et les rescapés des migrations africaines, asiatiques et latino-américaines. Échoués sur le pavé faute de logement ou d’hébergement d’urgence. Avec ou sans papiers. À des années-lumière du « clochard » des années 1970.

Les associations qui s’efforcent d’aider ces sans-abri ne savent plus ou donner de la tête. Elles annoncent un hiver terrible et redoutent de ne pouvoir y faire face. Comme l’équipe de Médecins du monde que nous avons guidée vers un campement précaire de Roumains dissimulé sous une bretelle du périphérique parisien.

Si nous avons choisi d’explorer pendant trois semaines la voie rapide cernant la capitale, c’est qu’il nous a semblé que la coexistence entre plus d’un millier de personnes réfugiées sous ses piliers et ces millions d’automobilistes défilant à toute allure illustrait parfaitement la cécité d’une partie de la société envers des gens qui ne demandent que du travail et un toit pour s’abriter. Et même une volonté politique telle que celle affichée par le gouvernement actuel ne changera rien si on ne s’attaque pas rapidement au manque crucial de solutions d’hébergement.