Les opposants à la Ligue de défense juive peinent à se faire entendre
Le groupe violent continue d’agresser des militants et revendique ses actions sur Internet. Une manifestation est prévue le 8 novembre pour demander sa dissolution.
Le procédé est souvent le même : un rendez-vous sur une place publique, fixé par un prétendu journaliste. Les agressions à la peinture rouge, filmées par un complice et revendiquées dans des vidéos diffusées sur Internet.
Après la militante Olivia Zémor, présidente de l’association CAPJPO-EuroPalestine, le 28 juin 2012, l’écrivain Jacob Cohen, le 5 juillet, c’était au tour d’Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, de subir, mercredi 24 octobre, le traquenard des jeunes activistes de la LDJ.
La militante a été aspergée de peinture rouge devant l’Institut du monde arabe (voir la vidéo de son récit). Le jour même, le groupe revendiquait l’agression dans une vidéo postée sur twitter et sur son site internet.
A tous les antisémites et antisionites, déstockage massif de pots de peinture organisée par la LDJ #JacobCohen #OliviaZemmor #Bouteldja? LigueDefenseJuive (@LDJ_France) Octobre 25, 2012
ACTION : La #LDJ rend visite à #Bouteldja : wp.me/p1zxZn-Gh? LigueDefenseJuive (@LDJ_France) Octobre 25, 2012
Au moment de l’agression, la militante a pu photographier un jeune homme muni d’un caméscope, qu’elle soupçonne d’être un complice. Les clichés, sur lesquels on distingue selon elle un visage, ont été joints à la plainte qu’elle a déposée, dans le commissariat du 5e arrondissement de Paris.
Mais la Ligue de défense juive craint visiblement assez peu d’être inquiétée par les forces de l’ordre. Le 13 septembre, le journaliste et militant Jonathan Moadab, du Cercle des volontaires recevait des menaces par téléphone et un engin explosif artisanal, « une sorte de cocktail Molotov surtout conçu pour faire du bruit » , explosait sous son véhicule à son domicile familial, raconte l’intéressé. Dans cette affaire, deux jeunes de 17 et 20 ans ont été arrêtés et placés sous contrôle judiciaire pour la durée de l’instruction. Les gendarmes sont facilement remontés jusqu’à eux, car les deux jeunes activistes proféraient leurs menaces depuis leur téléphone mobile personnel. Une troisième personne d’une trentaine d’années, considérée comme un cadre du groupe informel a également été inculpée.
Dissolution
Les associations d’opposants à la politique d’Israël – cibles privilégiées de la LDJ – comme une partie de la gauche, ne cessent donc d’appeler à la dissolution de ce groupe violent, qui recrute sa force vive parmi des mineurs.
Lire notre enquête, La « Ligue de défense juive » continue de frapper impunément
« La police m’a donné l’impression qu’elle prenait les choses très au sérieux », raconte tout de même Houria Bouteldja, contactée ce lundi par téléphone, confirmant le sentiment déjà exprimé par d’autres victimes d’agressions de la LDJ. « Les membres de la LDJ sont bien connus pour certains, ils sont surveillés, ajoute une personne proche de l’instruction, mais la police n’est pas du tout en phase avec les renseignements généraux » .
C’est le gouvernement qui endosse la responsabilité de prononcer la dissolution d’une association ou – dans le cas de la LDJ – d’un « groupement de fait », en Conseil des ministres.
La préfecture de police de Paris s’en tient à des réponses sommaires : le parquet a été saisi suite aux plaintes récemment déposées. Les enquêtes sont en cours. En attendant leurs conclusions, l’association CAPJPO-EuroPalestine appelle à manifester pour la dissolution de la LDJ le 8 novembre 2012, devant le ministère de la Justice.
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