Manifestation de Civitas : une opération de communication réussie
Quelques milliers de personnes se sont rassemblées à Paris ce dimanche à l’initiative de l’association des catholiques intégristes de Civitas, pour manifester contre le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux homosexuels.
Après les manifestations «laïques» de la veille contre le « mariage pour tous » qui ont réuni près de 100 000 personnes à travers toute la France, c’était au tour des catholiques intégristes de descendre dans la rue le 18 novembre pour dénoncer le projet de loi sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, présenté en Conseil des ministres le 31 octobre dernier.
Figure de ce rassemblement, le président de l’association Civitas, Alain Escada, mouvement de lobbying proche de la Fraternité Saint-Pie X. Derrière lui, une ribambelle de drapeaux français et royalistes arborés par des mouvements d’extrême droite comme l’Action française, le Parti de la France de Carl Lang et quelques militants du GUD.
Si Marine Le Pen n’avait pas souhaité que le FN appelle en tant que tel à participer à cette journée, de nombreux militants étaient présents dont quelques personnalités comme la vice-présidente du FN, Marie-Christine Arnautu, Alexandre Simonnot ou encore Cyril Bozonnet. Sous l’étiquette des « élus pour la famille » dont la pétition contre le mariage homosexuel a réuni 500 signatures depuis fin octobre, quelques maires avaient aussi fait le déplacement.
Reportage Politis.fr :
Les conservateurs en colère
« Un papa, une maman pour tous les enfants ». Entonnant le slogan de la journée, cette quinquagénaire issue d’une famille nombreuse explique avoir fait le déplacement pour « défendre les fondements de la cellule familiale ». Munie de la pancarte distribuée par « Civitas », celle-ci ne manque pas de s’insurger contre le projet de loi : « Il est inacceptable de se voir imposer une telle loi sans qu’il y ait un débat au préalable. » Du côté des élus, le maire d’une petite commune de l’Yonne, peu gênée par la présence du lobby catholique dans le débat, explique qu’il est aujourd’hui « impossible de changer la définition du mariage dans le Code civil ».
Au cœur du rassemblement mêlant défense des valeurs traditionnelles, religion et intégrisme, les mouvements d’extrême droite ont sorti le bleu, blanc, rouge, venus défendre la France « cette nation plongée dans la décadence ». L’occasion pour les militants de l’Action française de mener le combat politique. Pour ce jeune distribuant les tracts du mouvement qu’il a rejoint depuis un an et demi après un passage au FN, « les homosexuels font ce qu’ils veulent dans leur vie privée, mais la famille c’est sacré ». Et ce dernier, bien que désabusé de « l’état de la démocratie actuelle », de se montrer confiant : « Ce projet de loi ne passera pas, car une majorité des parlementaires, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont contre ».
Contre le « lobby homo » et la « christianophobie »
Jeunes, parents accompagnés de leurs enfants, adhérents ou non à Civitas, pour beaucoup d’entre eux, le rassemblement est aussi une démonstration de force contre le « lobby homosexuel qui ne représente qu’une minorité». « Même certains homosexuels sont contre », lance cette militante de France Jeunesse Civitas : « Face à ce petit groupe de pression, Civitas est bien plus représentatif, car il incarne la voix de chrétiens qui sont encore nombreux aujourd’hui ».
Alors qu’un agent de la sécurité mobilisé par Civitas dénonce le climat ambiant d’une société « christianophobe » entretenu par les médias qui ne parlent pas « des attaques contre les églises », le cortège à l’avant s’agite et des fumées s’échappent. Une dizaine de militantes des Femen, un groupe de protestation féministe ukrainien, accompagné de l’essayiste Caroline Fourest, ont débarqué habillées en nonnes, seins nus, avec des slogans humoristiques et munis de bombes lacrymogènes. Des coups sont donnés par les gros bras de la manifestation. Mais Caroline Fourest est venue avec des caméras de France 2 qui filmaient cette provocation réussie sur le plan de la communication.
Escada fait son show
Arrivé aux portes de l’Assemblée nationale en fin d’après-midi, le cortège s’est retrouvé bloqué par quelques dizaines de CRS, un peu sur les dents face à certains mouvements d’extrême droite à la réputation sulfureuse. Portés par les slogans de la foule, quelques élus se sont alors extraits et sont parvenus à faire avancer le cortège jusqu’aux barrières donnant lieu à une petite passe d’armes entre CRS et certains manifestants.
Pour clôturer la manifestation, Alain Escada, a prononcé un discours aux allures de messe intégriste. Une mise en scène réussie pour le président de Civitas qui a fait siffler à plusieurs reprises les noms de Pierre Bergé, homme d’affaires du luxe et militant de la cause homosexuel ainsi que Christiane Taubira, la ministre de la Justice. « Sans grâce, il n’y aura pas de victoire », a conclu Alain Escada à la fin de son discours avant d’entonner quelques chants religieux avec la foule qui s’est dispersée à la tombée de la nuit.
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