Vaccins, le soupçon
L’Agence de sécurité refuse de financer une étude sur un adjuvant potentiellement dangereux.
dans l’hebdo N° 1227 Acheter ce numéro
Les travaux de l’équipe des professeurs Gherardi et Authier sur l’aluminium vaccinal ne seront pas financés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Une décision polémique alors que cet adjuvant est soupçonné d’être dangereux. Depuis un siècle environ, l’aluminium est utilisé comme additif dans les vaccins, assurant leur efficacité. Mais, depuis une étude de 1998, des chercheurs s’interrogent sur sa possible nocivité. Les travaux de Romain Gherardi et Michelle Coquet, publiés dans la revue The Lancet, décrivent une nouvelle entité pathologique : la myofasciite à macrophages (MFM). Douleurs musculaires, troubles cognitifs, cette maladie rare pourrait être provoquée par l’hydroxyde d’aluminium, injecté lors d’un vaccin et disséminé au sein de l’organisme de personnes au profil génétique particulier. Dès lors, la question de l’accumulation des particules d’aluminium, notamment dans le cerveau, et de ses conséquences se pose plus largement. En mars dernier, le groupe d’étude des vaccinations de l’Assemblée nationale a d’ailleurs proposé un moratoire sur cet adjuvant. Une recommandation restée à ce jour sans effet.
Face à l’augmentation des maladies chroniques neurologiques ou auto-immunitaires au cours des dernières décennies, le professeur Gherardi et les chercheurs associés à ces travaux insistent sur la nécessité de poursuivre les recherches. Si aucune preuve d’un lien de causalité ne peut être donnée aujourd’hui, il s’agit de s’assurer, par précaution, des effets de l’aluminium. André Cicolella, président du Réseau environnement santé (RES), dénonce l’influence des lobbies pharmaceutiques et les conflits d’intérêts au sein de l’ANSM. « Cette polémique illustre le dysfonctionnement de notre système d’alerte sanitaire, explique-t-il. Il faut créer une haute autorité qui définira une déontologie de l’expertise et la fera respecter. » Une idée reprise par la proposition de loi déposée par les sénateurs EELV, et actuellement en discussion. Au-delà, André Cicolella regrette l’étroitesse de vue de la plupart des responsables politiques sur les questions sanitaires. « La politique de santé n’est perçue que comme une question de soins. Son budget est donc créé selon cette grille de lecture réductrice, qui oublie l’importance de la prévention et n’inclue donc pas le coût de la recherche médicale. »