Mais où est donc la télé sur Internet ?

Le web apparaît plutôt comme l’univers de la vidéo, racoleuse ou de piètre qualité.

Julien Covello  • 13 décembre 2012 abonné·es

En octobre, Youtube France annonçait fièrement le lancement de plusieurs nouvelles chaînes de télévision en ligne. Internet à l’assaut de la télé, en quelque sorte. En fait de « chaînes », des empilements de vidéos plutôt bien faites. Entre « Taratata », Doctissimo, Ligue1fr et quelques recettes de Marmiton, pas de quoi révolutionner les pratiques.

Le web n’est pas l’eldorado de la télé. D’abord, les flux audiovisuels y sont rares. Il y a bien les offres télé des fournisseurs d’accès et les directs de certaines chaînes, mais peu d’indépendants se lancent dans la diffusion continue. Trop cher, trop contraignant peut-être. Ou inadapté aux usages du réseau. Le web, c’est plutôt l’empire de la vidéo. Avec une qualité rarement au rendez-vous. Mais au milieu des bébés chats, l’univers de la télé peut parfois apporter une écriture, une temporalité, un certain savoir-faire. La télé sur Internet, c’est donc d’abord sur les sites des chaînes hertziennes, françaises ou étrangères, qu’on la trouve. La plupart offrent un service de « replay », le plus souvent à leur image : plus ou moins bien fait, avec plus ou moins de pub. Arte+7 et Pluzz.fr, l’usine à gaz très fournie de France Télévisions, sortent du lot. Mais toutes les chaînes ne jouent pas le jeu du « tout en ligne ». TF1 et M6 sont réticentes, et les chaînes privées étrangères bloquent certains contenus depuis la France.

Si la télé en ligne se dérobe, la radio, elle, se sent très bien sur Internet. Entre les podcasts des émissions hertziennes et les sites de musique à la demande, l’offre est déjà vertigineuse.

Mais il faut ajouter à cela un foisonnement incroyable de flux amateurs ou indépendants, accessibles en ligne ou à partir de logiciels musicaux. Il y en a absolument pour tous les goûts. Alors, amateurs de jazz, de musique brésilienne ou de poésie russe, à vos postes !

Du côté des « webtélés », c’est le grand n’importe quoi. Par « webtélé », comprendre n’importe quel site ou blog orienté vidéo qui produirait un contenu audiovisuel. Là non plus, pas de flux, juste des vidéos à grignoter. Le terme est à la mode, tout le monde veut la sienne : associations, institutions culturelles, collectivités locales et entreprises, pour le meilleur comme pour le pire. Quelques sites de qualité se sont fait une place, comme par hasard sous la houlette de professionnels comme Daniel Schneidermann ou John-Paul Lepers [^2]. Avec des modèles économiques précaires. Pourquoi une telle misère ? La faute peut-être aux grands agrégateurs tels Youtube et Dailymotion, qui captent et segmentent l’essentiel du contenu. Au-delà, c’est le règne du spécialiste ou du monomaniaque, peu regardant sur la qualité. Mais n’est-ce pas finalement l’une des fonctions d’Internet : se libérer de la tyrannie de l’audience pour s’adresser à un public plus restreint ?

[^2]: arretsurimages.net et latelelibre.fr

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