TGV Lyon-Turin : un engagement trop rapide
Alors qu’une déclaration commune franco-italienne était signée le 3 décembre, les opposants restent mobilisés.
dans l’hebdo N° 1230 Acheter ce numéro
Il n’était question que du projet de TGV Lyon-Turin lors du sommet franco-italien qui s’est tenu le 3 décembre à Lyon, en présence de François Hollande et de Mario Monti, chef du gouvernement italien. En marge, un petit millier d’opposants ont protesté contre ce projet devant la gare des Brotteaux, encadrés par un nombre impressionnant de policiers et de gendarmes qui avaient bouclé le quartier, survolé en permanence par un hélicoptère. Une douzaine de bus transportant quelque 600 opposants italiens attendus à la manifestation ont été retenus par les gendarmes au péage de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), selon Daniel Ibanez, membre de la Coordination des opposants au Lyon-Turin.
Plutôt qu’un accord, une « déclaration commune relative au tunnel Lyon-Turin » a été signée par les ministres des Transports des deux pays, mais aucune précision n’a été donnée quant à la répartition des coûts entre l’Italie et la France, une part étant en principe apportée par le budget européen, lequel n’est pas acquis. Les opposants ont encore une fois dénoncé les incohérences relevées dans les dossiers de présentation du projet, lancé en 1991. « Le trafic prévisionnel de camions, en augmentation de plus de 50 %, est tout simplement fantaisiste. En réalité, il est en baisse depuis 2003, indique Daniel Ibanez. Et les installations existantes permettent de transférer par le rail plus de la moitié des marchandises qui ont circulé dans les passages nord-alpins. » Soutenus par plusieurs syndicats agricoles, les opposants ont demandé l’annulation des enquêtes publiques, en raison de « probables conflits d’intérêts », révélés notamment par Politis [^2]. Lors d’un avant-sommet franco-italien organisé à Lyon, les 30 novembre et 1er décembre, par la Coordination des opposants au projet de ligne à grande vitesse et le très populaire mouvement italien NO-TAV, des élus régionaux et européens, ainsi que des élus italiens, ont rappelé leur proposition alternative de n’autoriser les camions sur les routes que lorsqu’ils sont chargés et de les faire circuler par bateau une fois vides. « Cette mesure, préconisée par Réseau ferré de France, permettrait d’éliminer 300 000 camions par an dans les Alpes du Nord », a souligné Daniel Ibanez.
Dans un référé sur le projet de liaison ferroviaire adressé à Jean-Marc Ayrault, la Cour des comptes a indiqué que « d’autres solutions techniques moins coûteuses [que le Lyon-Turin] ont été écartées sans avoir toutes été explorées de façon approfondie ». Et confirme les incohérences relevées par les opposants, en particulier la sous-estimation du coût : le pharaonique projet dépasserait les 26 milliards d’euros.
[^2]: « Lyon-Turin : erreur sur toute la ligne », n° 1221, 4 octobre.