TNT : Déjà vu à la télé

Six chaînes gratuites arrivent le 12 décembre sur la TNT. Beaucoup de rediffusions et peu de nouveautés.

Jean-Claude Renard  • 6 décembre 2012 abonné·es

En automne 2011, le gouvernement Fillon avait demandé au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de lancer un appel d’offres pour six nouvelles chaînes gratuites sur la TNT. Peu avant, Canal avait racheté Direct 8 et Direct Star au groupe Bolloré, marquant ainsi son entrée dans la télévision gratuite. Du coup, tous les acteurs du secteur se sont bousculés au portillon, à l’exception de France Télévisions, déjà plombée par ses ternes finances et sans ambition.

Le CSA avait enregistré 34 candidatures. S’y retrouvaient TF1, M6, Next RadioTV (BFM et RMC), le groupe Amaury ( Le Parisien-Aujourd’hui en France et l’Équipe ) ou encore NRJ. Entre absorption, rachat et redéploiement, le téléspectateur était loin déjà de la diversité promise par le CSA en 2005, lors de l’émergence de la TNT. Les sages ont tranché juste avant l’élection présidentielle, comme si l’attribution des chaînes était devenue urgente… À chaque groupe sa chaîne supplémentaire. Mise à feu : ce 12 décembre, pour une partie de l’Île-de-France, de la Bourgogne, de la Champagne-Ardenne, de l’Aquitaine et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. La couverture sur l’ensemble du territoire est prévue d’ici à 2015. Mi-décembre, on comptera donc 25 chaînes librement accessibles, sur un marché très concurrentiel et des recettes publicitaires de plus en plus éclatées. Filiale de TF1, comme TMC ou NT1, avec un budget d’environ 40 millions d’euros et un objectif d’audience de 2 %, HD1 se tournera vers la fiction. Trois soirées cinéma par semaine (avec, en principe, 15 % de films inédits), le reste étant partagé entre séries françaises ou américaines et téléfilms. Nulle création originale. Concurrent direct, M6, déjà propriétaire de W9, a hérité de 6Ter, d’un budget de quelque 25 millions d’euros et d’ambitions d’audience alignées sur HD1. Au menu de la chaîne, qui se veut « familiale » et visant toutes les générations, de la fiction encore, des séries, du cinéma et des programmes dits « de découverte », par exemple autour de la cuisine, du magazine et des reportages…

Déjà présent sur la TNT avec NRJ 12, le groupe NRJ lance Chérie 25, en quête d’1 % d’audience, destinée à un public féminin, « sans exclure les hommes », dotée d’un budget d’une vingtaine de millions d’euros. Au programme, 50 % de production maison, du magazine de société, une quotidienne culturelle (présentée par Isabelle Motrot), d’autres émissions « 99 % plaisir », autour du design, de la mode et de la cuisine, des portraits de femmes, du bien-être, du mini-format humoristique (« Roxane, la vie sexuelle de ma pote »), du sport féminin, et une foule de séries. Propriété du groupe NextRadio, RMC Découverte joue la carte inverse, en ciblant les hommes de moins de 50 ans (« sans exclure les femmes », sans doute), avec un budget, au démarrage, d’à peine 15 millions d’euros pour un programme tourné vers le documentaire et le reportage, à la manière de National Geographic. À chaque soir sa thématique : vie quotidienne, aventure et animaux, sciences et techniques, histoire et investigation, voyage et art de vivre… Karl Zéro fera son retour en télévision sur la thématique de l’histoire. La chaîne y ajoute un magazine d’infos, à bon prix, en puisant dans la chambre de sa sœur aînée, BFM TV.

De son côté, le groupe Amaury fait son entrée dans la TNT avec L’Équipe 21. Trente millions d’euros de budget et une programmation partagée entre documentaires, magazines, entretiens et une centaine de disciplines sportives. On se demande lesquelles, quand on sait que Canal et BeIng Sport ont déjà le monopole des sports les plus populaires et attractifs en termes de recettes publicitaires. En partenariat avec France Galop et Le Trot, la chaîne devrait surtout brasser large avec la retransmission des courses hippiques. Enfin, Numéro 23, auparavant baptisée TVous, se veut la chaîne de la diversité, avec un budget de 30 millions d’euros environ. Autour de Pascal Houzelot, fondateur de Pink TV, en 2004, elle réunit Xavier Niel, Matthieu Pigasse ou encore François Pinault et Étienne Mougeotte en consultant. Au programme, divertissement, magazines, fictions et un talk-show animé par Christophe Hondelatte. Dans l’ensemble, ce sont des airs de déjà-vu. Jusque dans les animateurs. Le flux d’images s’intensifie. Les chaînes se multiplient. Pas la création ni l’originalité.

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