Un lobby pour déborder EELV

Dany Cohn-Bendit annonce son retrait d’EELV et soutient un « Forum des écologistes » issu d’un large éventail politique.

Patrick Piro  • 13 décembre 2012 abonné·es

C’est un objectif constant des frères Cohn-Bendit, Dany et Gaby : comment rassembler les écologistes au-delà des partis ? Mercredi 4 décembre, ils étaient nombreux au Sénat pour débattre de la création d’un « Forum des écologistes ». « Cette réunion est une première : la droite a accepté d’y participer », relève Jean-Luc Bennahmias, vice-président du MoDem et ancien secrétaire national des Verts. S’affichent Fabienne Keller et Tokia Saïfi (UMP), mais aussi Chantal Jouanno (UDI). Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, s’est décommandée, aux prises avec d’autres ambitions au sein de l’UMP, et Jean-Louis Borloo, patron de l’UDI, n’est resté que dix minutes. À gauche, le député PS Philippe Martin a répondu présent. Mais le député communiste André Chassaigne n’est pas venu. Quant à Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche, elle ne s’est manifestée, comme prévu, que par une courte vidéo.

Pour Nicolas Hulot, cette affluence est le contrecoup du « désastre » écologique des mois derniers – reculs du gouvernement, capitulation des partis politiques, et « faible performance » d’Europe Écologie-les Verts (EELV). Les Cohn-Bendit, entre autres critiques, accusent la direction du mouvement d’avoir étouffé les velléités d’ouverture. Et si Pascal Durand, secrétaire national, a fini par accepter l’invitation en dépit du guet-apens, c’est pour « ne pas pratiquer la politique de la chaise vide ». Car il s’agit bien de contester à EELV la primauté de l’écologie politique, et de contourner son tête-à-tête avec le PS. « L’objectif est de nous allier, que nous soyons dans la majorité ou l’opposition, pour parvenir à peser sur les dossiers écologiques », explique Dany. En référence : la campagne d’interpellation menée par Hulot, en 2007, qui avait drainé la signature de près de 800 000 sympathisants mais dont l’élan est retombé faute de relais politique, notamment après le Grenelle de l’environnement.

Gaby Cohn-Bendit jure que ce forum restera un organe de pression dépolitisé et « ne présentera jamais de candidats ». Il est cependant douteux que l’appât prenne, tant les arrière-pensées transparaissent. Deux jours plus tard, Dany Cohn-Bendit confirmait son retrait d’EELV, amorcé à la suite de l’opposition du parti au traité budgétaire européen (TSCG).

Politique
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres
Politique 22 novembre 2024 abonné·es

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres

Les opposants au premier secrétaire du parti tentent de rassembler tous les sociaux-démocrates pour tenter de renverser Olivier Faure. Mais le patron des roses n’a pas dit son dernier mot. Au cœur des débats, le rapport aux insoumis. Une nouvelle fois.
Par Lucas Sarafian
2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires
Quartiers 20 novembre 2024 abonné·es

2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires

Assurés d’être centraux dans le logiciel insoumis, tout en assumant leur autonomie, de nombreux militant·es estiment que 2026 sera leur élection.
Par Hugo Boursier
« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »
Élections municipales 20 novembre 2024 abonné·es

« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »

L’historien Gilles Candar, spécialiste de la gauche et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès, analyse l’institutionnalisation du mouvement mélenchoniste et expose le « dilemme » auquel seront confrontés ses membres aux élections de 2026 : l’union ou l’autonomie.
Par Lucas Sarafian
Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes
Enquête 20 novembre 2024 abonné·es

Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes

Le mouvement insoumis prépare son offensive pour remporter des mairies aux prochaines municipales. Des élections qui engagent un bras-de-fer avec les socialistes et légitimeraient la stratégie de Jean-Luc Mélenchon sur l’abstentionnisme et les quartiers populaires.
Par Lucas Sarafian