Via Civis : « Un tourisme politique »

L’agence Via Civis organise des voyages pour aider à comprendre le monde. Entretien avec son président, Emir Deniz.

Lena Bjurström  • 20 décembre 2012 abonné·es

Fondée en juin 2012, mais déjà riche de plusieurs expériences réussies, l’agence de voyages Via Civis développe un concept original. Son président, Emir Deniz, homme de gauche assumé, définit pour nous les objectifs d’une pédagogie de terrain engagée.

Quel est le concept de « voyage politique » de votre agence ?

Emir Deniz : À l’Institut européen des politiques publiques, un organisme de formation des élus locaux dont je suis le directeur, nous organisons des voyages d’études pour les élus. Nous sommes, par exemple, partis étudier la question de la coopération décentralisée dans des pays francophones du bassin méditerranéen. Nous avons progressivement compris qu’il existait une demande, émanant de citoyens et non pas uniquement d’élus, pour un tourisme que nous pouvons appeler « politique ». C’est différent du tourisme « solidaire ». Il s’agit, lors de ces voyages, de s’intéresser aux enjeux politiques au sens large des pays visités, afin de mieux les appréhender.

S’agissant de questions politiques, défendez-vous, dans vos voyages, des opinions, un engagement politique ?

Nos voyages ont une orientation politique que nous assumons. Nous défendons un certain nombre de valeurs. Nous luttons ainsi contre la théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, et nous défendons, de manière générale, les valeurs des droits de l’homme, des droits de la femme, des minorités et de la démocratie, ainsi que la notion de redistribution des richesses. Nous ne prétendons pas être neutres. Les quatre associés de Via Civis ont des opinions de gauche. Nos engagements se reflètent dans nos voyages, et nous les assumons. Ceux qui s’intéressent à nous peuvent s’en rendre compte dans la présentation de nos voyages, et les choisissent en connaissance de cause. Je dis souvent que notre public est celui des lecteurs du Monde diplomatique. C’est un peu schématique, mais disons que ce sont des personnes installées, car ces voyages ont un coût, intéressées par les questions internationales, et qui ont une opinion progressiste, au sens large.

Quelles sont vos destinations et comment s’organisent vos séjours ?

Les pays où nous travaillons sont, pour la plupart, difficiles d’accès. Tout le monde ne tentera pas de voyager seul en Palestine ou en Algérie. Nous voulons les rendre accessibles à un public qui peut être rassuré par un voyage en groupe, et qui veut étudier des problématiques sans se contenter d’un tourisme classique. C’est pour cela que nous travaillons en amont avec des consultants, locaux et français, pour chaque séjour, chaque thématique. Pour notre prochain séjour en Israël et en Palestine, nous avons un partenariat avec Politis, et pour le voyage en Algérie, avec Témoignage chrétien  [^2]. Entre notre réseau et les leurs, il s’agit d’organiser un séjour émaillé de rencontres, de visites et de conférences qui permettent de mieux appréhender les enjeux des pays visités. Nous partons avec des groupes de 10 à 25 personnes, pour des séjours courts sur une seule thématique, comme le capitalisme financier à Londres, ou des séjours plus longs, avec plusieurs questions autour d’une problématique transversale, comme le conflit israélo-palestinien. En ce qui concerne la logistique, nos partenariats locaux s’organisent différemment selon les pays. Pour la Palestine, par exemple, nous travaillons avec un prestataire qui s’occupe de l’ensemble de l’organisation pratique.

[^2]: Denis Sieffert, pour Politis, et Michel Warschawski, du Centre d’informations alternatives, accompagneront un voyage de Via Civis en Israël et en Palestine, du 20 au 28 février 2013 (voir page suivante).

Monde
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