Homophobie en hausse

Le projet de loi sur le mariage pour tous libère la parole homophobe. Des députés s’engagent à un débat respectueux.

Ingrid Merckx  • 31 janvier 2013 abonné·es

Dommage collatéral ? Les débats provoqués par l’ouverture du mariage aux couples de même sexe ont comme libéré les pulsions homophobes. Le Refuge, association de soutien aux jeunes homosexuels, a vu son nombre d’appels exploser depuis novembre : des adolescents qui n’ont pas encore révélé leur homosexualité vivent très mal le déferlement d’insultes dont se rendent responsables les anti-mariage pour tous. En particulier dans leur entourage. « En dix   ans d’existence, la situation n’a jamais été aussi préoccupante », s’inquiète Frédéric Gal, directeur général du Refuge. Même écho à SOS Homophobie, qui déplore une augmentation de 30 % des appels et des messages sur sa ligne d’écoute et sur son site Internet. « Cette augmentation est la conséquence directe d’une parole homophobe décomplexée, entraînée par certaines oppositions au projet de loi qui font appel aux arguments les plus violents et les plus insultants qui soient pour les personnes lesbiennes, gays, bi, trans et leur entourage », alerte l’association. Avec une multiplication par trois en décembre, et par quatre en janvier. « Ne laissez pas ce débat de société déraper sur le terrain de la violence verbale homophobe », exhorte-t-elle en adressant aux députés une charte d’engagement moral pour un débat parlementaire respectueux.

Alors que l’Assemblée examine la loi sur le mariage pour tous depuis le 29 janvier, plus d’une trentaine de parlementaires de divers bords ont déjà signé pour montrer « qu’il est possible de s’engager à débattre d’un texte – qu’on le soutienne ou non – sans tomber dans la violence verbale et les insultes dégradantes   ». « Le combat continue ! », ont martelé les « anti », le 27 janvier, déployant 150 banderoles sur les ponts de Paris pour contrer la manifestation pour le mariage pour tous. «   Tous nés d’un homme et d’une femme », « L’enfant n’est pas un droit », clamaient-elles, rappelant que le terrain central des affrontements est bien celui de la filiation (voir entretien sur politis.fr). Les manifestants étaient entre 120 000 dans les rues de la capitale, selon la police, et 400 000, selon les organisateurs. Les « anti » étaient environ 350 000 le 13 janvier, d’après la préfecture, mobilisant des personnes qui ne manifestent jamais. Les « pro » ont perdu la bataille des chiffres, mais celle des symboles ne fait que commencer.

Société
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