Le Grand Retournement
dans l’hebdo N° 1237 Acheter ce numéro
D’un côté des banquiers cyniques et spéculateurs outranciers, une journaliste à la botte des financiers et des actionnaires, un trader jouant le rôle de fusible désigné à la foule, de crapule exhibée pour faire diversion, un président qui se fait appeler « votre altesse », décidant « de mettre le holà aux mauvaises pratiques et aux excès coupables, d’une forte parole [qu’il] veut mémorable », en une période de crise qui voit s’effondrer la Bourse et les cols blancs « nager dans le potage ». Il reviendra à l’État de sauver la banque et de préserver les riches. Le Grand Retournement se veut une « comédie sérieuse sur la crise financière », entre ironie et dérision cinglante, d’après une pièce de Frédéric Lordon (parue au Seuil en 2011), ponctuée par des émeutes, quand « les gueux sont fauchés et n’ont plus un radis ». Si Gérard Mordillat bénéficie d’une palette de comédiens (Jacques Weber, François Morel, Édouard Baer, Franck de La Personne, Christine Murillo), le film souffre d’un texte en alexandrins, déclamé par des acteurs trop théâtraux, qui jamais ne parviennent à effacer la versification. De bout en bout demeure l’impression d’un théâtre filmé, nourri de bons sentiments politiques, mais qui ne suffisent pas à faire du bon cinéma.
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