Parutions de la semaine
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La Révolution moléculaire
Félix Guattari, édition et préface de Stéphane Nadaud, postface de Janell Watson, Les Prairies ordinaires, 606 p., 26 euros.
Les textes rassemblés dans cet ouvrage ont été écrits de 1972 à 1980. Certains ont d’abord paru en 1977 aux Éditions Recherches, dirigées (comme la revue éponyme) par Félix Guattari lui-même. Ils sont alors à la pointe des revendications des « nouveaux sujets » au cours des années 1970 (femmes, minorités sexuelles, jeunes, immigrés, écologistes, patients de la psychiatrie, etc.). Ils ont en suite été publiés en 1980 dans une version largement remaniée chez 10/18. Les Prairies ordinaires ont eu la bonne idée de rassembler de nouveau ces textes majeurs du grand psychanalyste et philosophe, théoricien de « l’antipsychiatrie » (avec Gilles Deleuze), en en confiant l’agencement à l’un de ses meilleurs spécialistes, le pédopsychiatre Stéphane Nadaud, afin de donner à (re)lire ce qui constitue l’une des trames des luttes protéiformes des années post-68.
Critique de l’opinion publique
Ferdinand Tönnies, traduit de l’allemand par Pierre Osmo, Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie », 764 p., 36,90 euros.
Pourtant l’un des initiateurs de la sociologie outre-Rhin aux côtés de Georg Simmel et Max Weber, président de la Société allemande de sociologie de 1909 à 1933, date à laquelle il fut évincé de l’université par les nazis, Ferdinand Tönnies demeure mal connu en France. Seul, jusque-là, avait été traduit son célèbre Communauté et Société (1887), dont la dichotomie est devenue un véritable lieu commun. Le lecteur pourra ici découvrir l’une des œuvres pionnières, parue initialement en 1922, consacrée à l’opinion publique, cette « entité aussi insaisissable que sollicitée » dans les systèmes politiques modernes. Un ouvrage novateur pour son époque, écrit plus de dix ans avant les premières études outre-Atlantique sur le même sujet et la naissance des sondages.
L’empowerment, une pratique émancipatrice
Marie-Hélène Bacqué & Carole Biewener, La Découverte, coll. « Politique et sociétés », 176 p., 16 euros.
Le terme anglais empowerment – traduire (peu ou prou) « pouvoir d’agir » – occupe les sciences sociales et les luttes outre-Atlantique depuis plus d’un demi-siècle. Il ne s’est pourtant, pour l’instant, que peu diffusé en France, en dehors peut-être des membres d’Act Up-Paris, l’inventive association de lutte contre le sida, qui a fait sienne dès sa naissance en 1990 cette manière pour des individus ou des collectifs de construire des formes d’action et des alternatives. Cet ouvrage synthétise utilement l’abondante littérature anglo-saxonne sur la notion, non sans pointer ses utilisations parfois perverses par le management ou en faveur du néolibéralisme.