Feu sur l’Agence de la biodiversité
Les chasseurs se mobilisent contre le regroupement de plusieurs organismes de protection de la nature.
dans l’hebdo N° 1242 Acheter ce numéro
Étrangement, de plus en plus d’organismes concernés par la future Agence de la biodiversité trouvent l’idée « excellente »… sans pour autant souhaiter en faire partie. Pourtant, beaucoup d’entre eux assurent des missions de protection complémentaires, mais chacun veut conserver son pré carré, voire manger les autres. Une même levée de boucliers, orchestrée par les chasseurs, avait déjà fait échouer ce projet décidé en 2007 à l’issue du Grenelle de l’environnement. Depuis des semaines, les chasseurs sont de nouveau à la manœuvre pour que l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), qu’ils contrôlent depuis des années, n’intègre pas ce regroupement pour la gestion des espèces et des espaces naturels. Ils se succèdent auprès des parlementaires et des ministres pour conserver leur indépendance. Tout comme des responsables de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema). Pressions efficaces : à l’UMP, on parle de cette agence comme d’un « luxe inutile ». Au PS, on évoque un gadget pour amuser les écologistes.
Selon le directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Michel Métais, comme pour Pierre Athanaze, président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), l’absence de l’ONCFS et de l’Onema viderait le projet de toute substance. Michel Métais considère qu’ « il faut mettre fin à la balkanisation des organismes de protection de la nature, et que l’État doit cesser de financer ceux dont il ne reçoit rien en retour parce qu’ils conservent jalousement leurs travaux. » Pour Pierre Athanaze, se passer de ces deux organismes serait « se priver de la police de la nature que représentent les gardes-chasse et les gardes-pêche. L’Agence ne pourrait pas faire respecter ses décisions ». Ils estiment, avec d’autres responsables associatifs, qu’il faut faire vite pour éviter que les Régions ne créent leurs propres agences, dont il n’est pas certain qu’elles ne privilégieraient pas le tourisme face à la protection de la nature. À l’image de ce qui se passe dans des parcs naturels régionaux, qui pourraient être intégrés contre leur gré à la nouvelle agence. Illustration des pressions et des batailles de coulisses : le projet, qui devait être soumis au conseil des ministres au mois de mars, a déjà été repoussé au mois de juin, pour une discussion parlementaire fin 2013. Prévue pour ce printemps, l’Agence de la biodiversité vient d’entrer en hibernation…