Finir le sale boulot
dans l’hebdo N° 1240 Acheter ce numéro
Dans le Journal du dimanche d’Arnaud Lagardère, qui est devenu [^2] depuis mai dernier une espèce de bulletin de liaison de l’UMPisme revancheux, Thierry Lepaon, qui sera sous peu le nouveau big boss de la CGT, déclare que Françoizollande « s’inscrit dans la suite de Sarkozy », et ce n’est sans doute pas complètement faux, pour qui se limiterait dans une appréhension excessivement bienveillante des menées du « socialisme » régimaire dont nous subissons depuis dix mois l’odieuse emprise.
Mais si tu regardes bien, en plissant tes yeux, tu t’aperçois que ce n’est pas non plus complètement vrai. (Du tout.) Puisqu’en réalité, loin de se contenter de mettre leurs pas dans ceux du Kozy dont tu pensais, quand t’as mis dans l’urne ton bulletin rose [^3], qu’il fallait à tout prix empêcher qu’il soit remis dans l’Élysée pour un second quinquennat (ta naïveté me laisse des fois pantois), Françoizollande et ses acolytes – point tou(te) s anonymes [^4] – font, comme font toujours les « socialistes » à guillemets quand ils s’hissent au pouvoir, des trucs si profondément dégueulasses que même François Fillon (par exemple) ne les avait pas osés, mais qui ont du moins – reconnaissons – la vertu récurrente qu’ils font jouir à longs traits le patronat [^5].
Par exemple – un parmi tellement d’autres qu’il nous faudra de looongues semaines, je crains, pour en faire la liste exhaustive : ces incommodants personnages (je dis comme ça pour rester urbain) viennent, t’as vu, d’annoncer qu’ils allaient de nouveau – et à la fin, probablement, de sacrifier à l’un des rites préférés du Mouvement des entreprises françousques (Medef) – réformer les retraites, mais de manière beaucoup plus drastique qu’en son temps ledit Fillon, puisqu’ils vont, eux – par un procédé qui, revendiqué à l’identique par les guerriers sociaux de l’UMP, aurait sans le moindre doute jeté dans la rue des centaines de milliers de citoyen(ne)s enragé(e)s –, briser enfin le tabou qui empêchait jusqu’à présent de mettre à contribution les retraité(e)s eux-mêmes, pour le financement de leurs pensions.
En sorte que bientôt – je schématise, mais pas tant que ça, et tu verras que c’est bien à cela que nous arriverons finalement – il te faudra payer pour ne pas crever de pauvreté, après une vie passée à t’user la paillasse pour un salaire de misère. La déclaration de Thierry Lepaon au JDD manquait donc de précision : il eût plutôt dû constater qu’Hollande et sa « gauche » vont finir le sale boulot que la droite n’avait pas mené à son terme.
[^2]: Je parle ici du JDD , et non de Nono Lagardère, comme t’auras compris si tu suis un peu attentivement.
[^3]: Comme je te disais l’autre fois : je risque de mettre un peu de temps à te pardonner, Edmée.
[^4]: « Ce que j’aime spécialement, dans Politis, c’est la sensationnelle raffinerie des calembours au lait cru. » Jean d’Ormesson, auteur droitier.
[^5]: Rappelons ici, pour les moins de 15 ans, que Claude Bébéar fut naguère l’un des plus épris fans de Lionel Jospin, dont il aimait follement – et comme on le comprend – la détermination à privatiser (beaucoup) plus et (bien) pire que la droite chiraquiste.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.