« Hitchcock » sans suspense
Sacha Gervasi réussit à moitié son biopic consacré à l’auteur de Psychose.
dans l’hebdo N° 1239 Acheter ce numéro
Trois mots médisants sur sa mère, et voilà Ed qui abat son voisin d’un coup de pelle. À la caméra de cadrer Alfred Hitchcock sur le tournage de Psychose, s’adressant au spectateur : « Avec Ed, on n’a rien vu venir. Ni moi ni la police. » Retour à la (presque) réalité, avec la Mort aux trousses attirant les foules. En trois plans et quelques dizaines de secondes, Sacha Gervasi pose son sujet, le décor et une silhouette devenue universelle (rôle interprété remarquablement par Anthony Hopkins). Gervasi n’a pas choisi de représenter l’existence encyclopédique du cinéaste. Il s’est concentré sur un film, Psychose. Un choix intelligent qui lui permet de raconter un épisode crucial de la vie de son modèle.
On est en 1959. « Hitch » cherche « une petite histoire bien tordue », qu’il trouve en la biographie d’un tueur en série. Refus poli des producteurs. La première partie de ce film livre très justement l’opiniâtreté du cinéaste, sa quête d’indépendance artistique. Il devra hypothéquer sa maison, négocier avec la censure. Gervasi ajoute des hallucinations du cinéaste sous l’emprise de son sujet, des bribes du fameux film. Mais Psychose n’est pas le seul thème de ce biopic. Il glisse doucement vers le portrait de couple, porté par Alma Hitchcock, épouse et muse. Une deuxième partie nourrie de clichés sur la vie d’un couple et ses difficultés. Sans surprise, sans suspense.