PCF : Appel à la remobilisation

D’accord pour écrire une « saison 2 » du Front de gauche, les communistes, qui viennent de se doter d’une direction renouvelée et resserrée, entendent pousser les feux du changement.

Michel Soudais  • 14 février 2013 abonné·es

Un patron incontesté à la tête d’un parti rassemblé et en mouvement. Telle est l’image que le PCF a voulu montrer à l’occasion de son 36e congrès, qui se tenait les 9 et 10 février à Saint-Denis. Pierre Laurent, seul candidat au poste de secrétaire national, a été réélu en même temps que le nouveau conseil national avec 100 % des suffrages exprimés et 87,15 % des votants. Pour la première fois depuis le 31e congrès, qui en avait ouvert la possibilité en 2001, aucune « liste alternative » ne concurrençait celle constituée par la direction sortante. Un accord ayant été trouvé avec les représentants de deux des trois sensibilités d’opposition pour leur assurer une représentation dans un conseil national renouvelé – la moitié de ses membres ont accepté de passer la main. Le texte d’orientation a pareillement été approuvé par 85 % des délégués.

Les débats sur ce dernier ont confirmé que les préventions vis-à-vis du Front de gauche et la crainte d’un effacement du PCF étaient en grande partie levées, même si Pierre Laurent a dû intervenir dans la discussion pour appeler ses camarades à « l’audace ». « On sera peut-être par moments dépassés, et alors ? C’est le lot des mouvements qui bousculent la société », a-t-il lancé. Le texte final proclame la volonté des communistes d’ « écrire la saison 2 » du Front de gauche et leur ambition de lui « faire franchir une nouvelle étape ». Plus qu’une stratégie électorale, il s’agit d’en faire le levier d’une « mobilisation générale pour gagner le changement ». Les communistes l’envisagent comme « une coopérative citoyenne »« les apports et les expériences des acteurs du mouvement social, associatif, intellectuel et culturel pourraient se croiser […] et alimenter la recherche d’une nouvelle perspective politique ».

Totalement engagé dans le Front de gauche, le PCF n’en garde pas moins le contact avec le PS, dont une délégation conduite par son numéro 2, Guillaume Bachelay, s’est rendue sur les lieux du congrès. Arrivés tard, les socialistes ne se sont toutefois pas mêlés aux congressistes, évitant ainsi toute comparaison avec l’accueil fait à Jean-Luc Mélenchon ou à Bernard Thibault. Cette visite de courtoisie visait à proposer au PCF des groupes de travail, ce dont Pierre Laurent a poliment accepté de discuter, à condition que cela porte sur les sujets de désaccord. Dans son discours de clôture, le numéro 1 du PCF a sévèrement critiqué l’acceptation par François Hollande du budget européen, invitant tous les députés français à refuser de le voter. Avant d’appeler à la « remobilisation générale » de toutes les forces qui ont voulu le changement sur trois questions, qui sont autant de cailloux dans la chaussure du gouvernement : la loi sur les licenciements boursiers, l’accord sur l’emploi, dont il refuse la retranscription « en l’état », et le droit de vote des étrangers, à propos duquel il prévient qu’il n’est « pas question d’aller aux municipales sans avoir » mené cette « bataille ».

Côté organisation, le congrès augure un mouvement de « recentralisation ». Le conseil national est resserré (166 membres, contre 233 en 2008 et 254 en 2006) et trois dispositions au moins des nouveaux statuts adoptés ce week-end vont dans ce sens. Les conditions imposées désormais à la présentation de listes alternatives rendent la présentation de celles-ci plus difficile à l’avenir, « quasi impossible », a déploré l’orthodoxe Jean-Jacques Karman. D’effet immédiat, la nouvelle répartition des cotisations des adhérents va renforcer les moyens financiers de la direction au détriment de l’échelon local. La répartition en « quatre quarts » (cellule, section, fédération départementale, siège national), héritée d’une époque où les cellules étaient le mode d’organisation de base obligé, est remplacée par une répartition en « trois tiers » (local, départemental, national). Les fédérations, ainsi que conseil national, obtiennent un droit de regard sur les candidatures municipales dans les villes de plus de 20 000 habitants. Enfin, autre innovation : un adhérent qui n’aurait pas respecté des « décisions prises démocratiquement par les communistes » (cas des candidatures dissidentes) pourra être suspendu de ses droits. Autant de dispositions qui, à l’avenir, devraient permettre au PCF de renforcer son homogénéité face à ses partenaires et alliés.

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