Une écotaxe pour les camions
Le projet de loi de taxe kilométrique vient d’être adopté au Sénat. Mais le lobby des transporteurs ne désarme pas.
dans l’hebdo N° 1241 Acheter ce numéro
Malgré les entraves, le projet d’écotaxe sur les poids lourds avance. Un nouveau dispositif du projet de loi a été adopté par le Sénat le 12 février. Dès le 20 juillet prochain, les véhicules de plus de 3,5 tonnes payeront une taxe à hauteur de 8 à 14 centimes par kilomètre parcouru, sur un réseau de 10 000 km de routes nationales et 5 000 km de routes départementales et communales. L’écotaxe présente un double intérêt. D’abord, en raison de l’importance de la collecte. Elle pourrait s’élever à 1,2 milliard d’euros, dont plus de la moitié sera versée à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Ce qui contribuera en particulier au financement du transport ferroviaire et maritime. Ensuite, parce que cette mesure incitera les entreprises de transport — et surtout leurs commanditaires — à basculer sur des moyens moins polluants et moins émetteurs de CO2 que la route. D’autant que la taxe pourra être répercutée sur les commanditaires, voire, en cascade, sur les consommateurs finaux. Ce qui représenterait pour eux de l’ordre de 3 % d’augmentation du prix des produits.
Premier revers cependant pour Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports : l’expérimentation de la taxe, prévue dès avril en Alsace, est rejetée. Sous prétexte que sa durée de trois mois, jugée trop courte, ne permettrait pas d’évaluer les incidences de la loi. Or, sans expérimentation, impossible d’évaluer, entre autres, les éventuels reports de trafic sur des routes non-taxées. Ce qui retardera la mise en œuvre d’éventuels ajustements d’itinéraires. Et, surtout, les professionnels du transport routier sont loin de baisser les armes. Après avoir réclamé de nombreuses exonérations ces derniers mois, ils se battent désormais pour retarder le plus possible son application, au moins jusqu’à octobre. Ce qui n’alimente pas l’optimisme des écologistes pour l’avenir de l’écotaxe. Pour Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, « les professionnels du secteur vont s’arranger pour rendre le système si complexe qu’il sera inapplicable ».