À quoi servent les députés du Front national ?

L’élection de deux représentants du FN à l’Assemblée nationale est ordinairement présentée comme un des signes de la « normalisation » du mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen. C’est oublier bien vite que celui-ci y a déjà compté des élus. Jusqu’à 35 entre 1986 et 1988 ! Le retour de députés FN au Palais Bourbon, même après quinze ans d’absence, n’inaugure donc en soi aucune « banalisation », sauf à reprendre la communication de Marine Le Pen.

Que Gilbert Collard n’ait pas réussi à « foutre le bordel dans l’hémicycle » , comme il en avait manifesté l’intention durant la campagne, ne change rien à l’affaire. Le lepénisme n’entame pas sa mutation parce que Marion Maréchal-Le Pen suspend ses études de droit pour exercer son mandat et bosse ses dossiers. Parmi les jeunes gens qui l’entouraient lors de la soirée de gala donnée pour les 40 ans du FN, il y avait encore des étudiants du GUD, dont un posait il y a peu coiffé d’un casque SS et bras tendu, en compagnie de potes, sur une photo publiée par le site d’informations antifascistes Reflexes.
Il ne sert à rien de s’émouvoir qu’avec l’Assemblée les lepénistes aient gagné une tribune. C’est la règle du jeu démocratique. Mais celle-ci, en obligeant les parlementaires à se positionner sur les budgets et les lois, éclaire aussi leurs priorités et choix politiques. L’examen de leurs votes et amendements, pour peu que l’on s’y livre, est instructif. En l’occurrence, il montre notamment un FN bien moins enclin à défendre les ouvriers qu’il voudrait et (malheureusement) parvient à le faire croire aux électeurs. Les députés FN sont ainsi les révélateurs de leur parti et de son idéologie.

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