Censure : Facebook contre le nu
dans l’hebdo N° 1244 Acheter ce numéro
Le musée du Jeu de Paume consacre une exposition à la photographe Laure Albin Guillot (1879-1962) depuis le 26 février. Pour l’occasion, le musée avait publié sur son mur Facebook une de ses études de nu : une femme allongée sur un lit ressemblant à une statue antique. Mais Facebook (ou Fessebook, c’est selon) a eu des vapeurs, comme auparavant avec l’Origine du monde, et décrété que cette chose était une affreuse image pornographique. Une censure que le réseau social justifie en invoquant ses conditions générales d’utilisation et le fait que Facebook puisse être « un espace dans lequel nos utilisateurs se sentent en sécurité et en confiance, notamment les enfants de plus de 13 ans ». Dans ces cas de censure, la cause des enfants est toujours un alibi commode. Mais si Facebook agit comme la plus coincée des ligues de vertu, l’attitude du Jeu de Paume n’a pas été moins surprenante. Le musée a immédiatement retiré la photo incriminée au motif de ne pas se couper des 30 352 personnes qui suivent sa page et a annoncé qu’il ne publiera plus de nu pour ne pas risquer de voir son compte supprimé. Après l’étude de nu, l’étude de soumission.
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