Le Parti de gauche ose la radicalité
Le parti de Jean-Luc Mélenchon revendique son autonomie en s’ancrant dans l’opposition à François Hollande. Avec un objectif : « Prendre le pouvoir. »
dans l’hebdo N° 1246 Acheter ce numéro
Le slogan rappelle la campagne présidentielle. Mais ce « on lâche rien ! », inscrit à la tribune et sur les cartons de vote des congressistes du Parti de gauche le week-end dernier à Bordeaux, claque désormais comme un défi lancé à François Hollande et au gouvernement. « La période d’essai est terminée », a prévenu Jean-Luc Mélenchon en clôture. Signe de cette radicalisation, les initiales du PS ne renvoient plus dans le discours de Jean-Luc Mélenchon qu’au « parti solférinien ». Un parti avec lequel le PG s’estime plus que jamais « en compétition » pour proposer son projet.
Antisémite Mélenchon ? Les dirigeants du PS, promptement relayés par quelques journalistes vedettes, l’ont laissé entendre en se fondant sur une mauvaise retranscription de propos tenus par le coprésident du PG lors d’un point de presse samedi. Jean-Luc Mélenchon s’en était pris à Pierre Moscovici pour son rôle dans la réunion de l’Eurogroupe qui avait décidé de frapper les Chypriotes sur leurs dépôts bancaires, comme l’atteste l’enregistrement publié sur Politis.fr : « Il s’est pris pour un petit intelligent, économique, vachement responsable, qu’a fait des études à l’ENA, qui sait comment on doit organiser la rectification des comptes d’une nation » alors qu’il aurait dû dire « pas question, je refuse, je ne suis pas d’accord » . M. Mélenchon s’est ensuite demandé « comment le même homme demain » pourrait empêcher qu’on impose un même traitement à la France. Pour estimer « irresponsable » son « comportement ». « C’est un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français… qui pense dans la langue de la finance internationale » , a-t-il conclu. Ce sont donc bien des actes politiques qu’incrimine M. Mélenchon. Et toute autre interprétation relève d’un procès en sorcellerie.
Afin de se dissocier du PS, dont il est persuadé que la politique conduit le pays et la gauche « à la catastrophe », le PG a également opté pour un durcissement de son discours. Quitte à susciter de violentes réactions des socialistes. Comme après que François Delapierre eût qualifié de « salopard » Pierre Moscovici, pour son rôle dans l’Eurogroupe dans la crise chypriote. « On ne veut pas laisser le FN être le seul à parler fort », explicite Martine Billard, coprésidente du PG. En parlant « cru et dru », en utilisant des « mots qui claquent », on « crée du conflit et de la conscience », s’est justifié dimanche Jean-Luc Mélenchon, revendiquant être « le tribun du peuple ». La veille, au cours d’un point de presse, il avait confié : « La situation se tend, on accompagne le mouvement. »