Rififi à Science Po Paris, un système « opaque » et «élitiste»
Des étudiants de Science Po Paris se mobilisent pour la refonte du système de gouvernance « opaque » et anti démocratique de l’école.
Dérives financières, système de bonus, coup de force politique, l’institution de la rue Saint-Guillaume s’enlise dans des scandales à répétition. La Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui gère l’école, a désigné vendredi 1er mars un nouveau directeur, Frédéric Mion, pour succéder à Richard Descoing, décédé en avril 2012.
S’il n’est pas question de défendre un candidat plus qu’un autre, les étudiants dénoncent la méthode. C’est donc dans un souci de transparence qu’ils se mobilisent depuis deux jours.
Pablo Livigni, étudiant en deuxième année à Science-Po fait le point.
Quelles sont les revendications étudiantes ?
Tout d’abord, nous réclamons la démission de Jean-Claude Casanova, le président de la FNSP. En verrouillant la procédure, il est le premier responsable de ce système opaque. Il est d’ailleurs directement mis en cause dans l’affaire des fortes rémunérations des dirigeants. Ensuite, le conseil d’administration de la fondation, à 80 % co-opté, doit être remplacé par un conseil à parité entre les salariés, les enseignants et les étudiants.
Cette élection est une parodie de démocratie. Nous ne savons pas quels étaient les critères de sélection des candidats et leurs programmes n’ont pas été publiés. On demande donc au conseil de voter sans connaître à l’avance leurs projets. Les membres de la FNSP ne sont pas élus, mais ils décident de la politique financière de Science-Po, dont les droits d’inscriptions. Pour les étudiants, cette façon de faire n’est pas légitime.
Comment s’organise le mouvement ?
Mercredi nous avons demandé la publication des programmes des candidats, mais le résultat n’a pas été satisfaisant. Aujourd’hui nous avons tenté de bloquer l’accès à la Maison de la chimie, où le conseil d’administration devait se réunir pour l’élection. Cinq personnes ont été retenues, mais ils restaient assez nombreux pour procéder au vote. Et la police, armée de boucliers, nous a empêchés de rentrer dans la salle.
La suite du mouvement se décidera donc le lundi de la rentrée (11 mars) pour la prochaine assemblée générale. Ce n’est pas le meilleur moment pour se mobiliser, car nous sommes tous en période d’examen. Ainsi à la rentrée, nous espérons que le mouvement va repartir de plus belle. Une lettre sera envoyée à la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, pour l’interpeller sur la supposée réforme des statuts de l’Institut d’études politiques (IEP).
Qu’attendez-vous du nouveau directeur ?
Il devra intégrer les étudiants dans le processus de décision et les futurs projets, notamment en prenant en compte la politique d’aide sociale des syndicats étudiants. Enfin, le directeur devra répondre à une question : comment démocratiser l’institution qui est l’apanage à 75 % de catégories sociales supérieures ? Comment démocratiser cet IEP qui, pour l’instant, est condamné à être le réceptacle de la reproduction des élites ?
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