Un devoir de clarté

Face à l’indécision, une voix dénuée de toute ambiguité.

Denis Sieffert  • 14 mars 2013 abonné·es

Figure incontestable de la gauche arabe, Farouk Mardam-Bey [^2] en appelle ici à tous ceux qui ont été, à un moment ou à un autre, en proie au doute. Hésitants, victimes d’enfumages idéologiques, ils sont nombreux ceux qui ont préféré garder silence sur l’épouvantable crise syrienne Les incertitudes du lendemain, les jeux troubles de la communauté internationale, les interrogations sur la nature de l’opposition ont souvent servi d’alibi à l’indécision. Aujourd’hui, faute de pouvoir peser directement sur les événements, efforçons-nous au moins d’avoir les idées claires et d’afficher des principes élémentaires. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir ni de décerner des brevets de vertu à une opposition composite, mais de dire – et de crier – qu’un régime qui bombarde son peuple comme le ferait une armée étrangère ne peut bénéficier d’aucune mansuétude.

Deux ans après les premières manifestations de Deraa, le bilan est terrifiant : soixante mille morts, probablement des centaines de milliers de blessés, un million de réfugiés, des villes dévastées, un patrimoine culturel en partie anéanti, et toute une région déstabilisée. Que faut-il souhaiter pour que le peuple syrien en finisse au plus vite avec le clan Assad ? Sûrement pas une intervention militaire étrangère, mais plus probablement une aide massive apportée à l’opposition. Ces choix ne nous appartiennent évidemment pas. Notre responsabilité à nous est de faire entendre une voix forte et dénuée de toute ambiguïté.

[^2]: Né à Damas en 1944, Farouk Mardam-Bey est arrivé en France en 1965. Longtemps animateur, avec Elias Sanbar, de la Revue d’études palestiniennes, il fut l’un des premiers à mobiliser les consciences sur le sort des Palestiniens. Auteur de nombreux ouvrages, il a écrit avec Samir Kassir un livre de référence sur le rôle de la France dans le conflit proche-oriental, Itinéraire de Paris à Jérusalem ( Revue d’études palestiniennes, 1992). Il est aussi connu de nos lecteurs pour avoir participé avec Elias Sanbar et Christophe Kantcheff à un livre d’entretiens, Être Arabe (Actes Sud, 2005).

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant