Au PS, la grogne monte contre l’austérité

Trois parlementaires et deux économistes proposent une relance écologique et sociale.

Thierry Brun  • 25 avril 2013 abonné·es

Le cap de la rigueur maintenu par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault promet des lendemains difficiles, à tout le moins chez les socialistes. « Au discours qui nous dit qu’il n’y a pas d’autre politique possible, nous répondons que les Français attendent majoritairement le changement », lance Marie-Noëlle Lienemann. Avec Emmanuel Maurel, vice-président du conseil régional d’Île-de-France et premier signataire de la motion de l’aile gauche au congrès de Toulouse, Jérôme Guedj et les économistes Daniel Vasseur et David Cayla, tous membres du courant « Maintenant la gauche », la sénatrice socialiste a présenté, lundi au Sénat, un « plan de relance écologique et social pour la France et pour l’Europe ». Un plan mobilisant 43 milliards d’euros en deux ans, dont seulement 28 milliards d’euros financés sur fonds publics. Pour les trois parlementaires socialistes, le débat public a évolué dans le sens d’une contestation des « politiques d’austérité, qui ne sauraient être un horizon pour la gauche ». « Nous voulons un tournant de la relance, plutôt qu’un tournant de la rigueur pour la gauche, à un an du quinquennat de François Hollande. Il suffit de regarder hors des frontières pour se rendre compte que les politiques de rigueur n’ont pas les effets escomptés », assure Emmanuel Maurel.

« Nous ne sommes pas isolés », ajoute Marie-Noëlle Lienemann citant le cas du Japon, des États-Unis et des Pays-Bas. La sénatrice note qu’en France « quelqu’un comme Louis Gallois  [commissaire général à l’investissement, NDLR] a déclaré qu’il faut arrêter avec les logiques d’austérité », et rappelle que Cécile Duflot, ministre du Logement, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et Benoît Hamon, ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, dénoncent l’impasse de l’austérité. La contribution socialiste est donc destinée à alimenter un débat afin de rompre avec une idéologie libérale « héritée des années 1980 », qui « apparaît, avec le recul, tout bonnement suicidaire ». *Détaillé par l’économiste** Daniel Vasseur, haut fonctionnaire de la Cour des comptes, proche d’Arnaud Montebourg, le plan prône une relance *« de la consommation populaire », « des investissements publics et des grands projets mobilisateurs », ainsi qu’une « réforme fiscale fondatrice, garante d’une croissance à long terme ». « On ne peut pas tout miser sur la compétitivité », critique le texte avec en ligne de mire le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), « un effet d’aubaine inacceptable en temps de crise ».

Les économistes mettent aussi en cause une « orthodoxie budgétaire absurde et masochiste, coulée dans le bronze du TSCG  [Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, NDLR] ou du pacte budgétaire européen ». Daniel Vasseur balaie d’un revers de main la réaction des marchés : « Pourquoi la note du Royaume-Uni a été dégradée par une agence de notation ? Pourquoi la rumeur court aussi en Allemagne alors que le pays a peu de déficit ? Parce qu’il n’y a pas de perspective de croissance. » Les auteurs estiment qu’il revient à la France d’imposer le débat : « Le pays est contributeur net à hauteur de 20 % du budget européen. On ne peut pas décider de mesures en Europe sans la France », prévient Marie-Noëlle Lienemann, qui s’adresse à l’Élysée pour faire bouger les lignes.

Économie
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