Deepwater Horizon, une catastrophe à 45 milliards

Trois ans après la marée noire du golfe du Mexique, la justice tente de chiffrer la responsabilité de BP.

Patrick Piro  • 18 avril 2013 abonné·es

Àcombien s’élèvera la facture finale pour BP ? C’est tout l’enjeu du procès qui s’est ouvert fin février à La Nouvelle-Orléans, à la suite de l’explosion, le 20 avril 2010, de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon. Elle avait causé 11 morts et 18 blessés, et des centaines de millions de litres de pétrole se sont répandus dans la mer et sur les côtes du sud des États-Unis pendant 87 jours. La plus grosse marée noire accidentelle de l’histoire, et un record attendu également pour le montant cumulé des indemnités et pénalités.

Le procès au civil se déroule en trois étapes. Il aura principalement à déterminer les responsabilités respectives du pétrolier et de ses deux sous-traitants : Transocéan, exploitant de la plateforme pour BP, et Halliburton, qui a coulé le coffrage en ciment du puits défaillant. Le pétrolier tente d’éviter la qualification de « faute lourde », ce qui quadruplerait son amende. Alors que les plaignants réclament jusqu’à 30 milliards de dollars, le gouvernement propose une transaction à 16 milliards de dollars. BP, qui exploite les audiences pour tenter de charger au maximum ses sous-traitants, fait pour le moment la sourde oreille. Le pétrolier a cependant déjà évité le procès au pénal en reconnaissant sa culpabilité, et moyennant un chèque de 4,5 milliards de dollars. Il a aussi déboursé trois fois plus pour le nettoyage de la marée noire. Et règle actuellement 100 000 particuliers et entreprises qui ont accepté une transaction en échange d’un abandon des poursuites (ils ne sont donc pas au nombre des plaignants à La Nouvelle-Orléans), pour un montant initialement évalué par BP à 7,8 milliards de dollars. Mais une facture qui gonfle en vertu du mécanisme propre à l’accord d’indemnisation. Le pétrolier s’est ainsi plaint de demandes « fictives » et « absurdes », et redoute « d’irréparables préjudices ». Larmes de crocodiles ? L’accord amiable n’a pour le moment pas été révisé et son enveloppe pourrait finalement atteindre 10 milliards de dollars.

Tout compris, la catastrophe Deepwater Horizon pourrait avoir saigné de 45 milliards de dollars le géant pétrolier, qui a provisionné un montant à peu près équivalent. Qu’on se rassure : bien qu’ayant cédé pour 38 milliards d’actifs, le groupe a enregistré en 2012 des rentrées de trésorerie de 20 milliards de dollars et un bénéfice net de près de 12 milliards de dollars.

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