L’injure faite aux postiers
Le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, règle ses comptes avec les postiers dans un ouvrage d’Hervé Hamon, intitulé Ceux d’en haut.
dans l’hebdo N° 1249 Acheter ce numéro
Il s’est écoulé plus d’une semaine avant que les organisations syndicales de postiers (SUD-PTT, FO Com, CFE-CGC et CFTC) réagissent aux propos de Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste, publiés dans un livre d’Hervé Hamon intitulé : Ceux d’en haut (Le Seuil). Un passage du livre « fort explicite de l’état d’esprit de ce dirigeant », explique Bernard Dupin, administrateur CGT au sein du groupe, a provoqué un tollé parmi les postiers. Jean-Paul Bailly, qui affirme être attaché aux valeurs chrétiennes, évoque « les gens un peu inadaptés » qui ne supporteraient pas « un monde mouvant, provisoire, inachevé », et n’hésite pas à déclarer : « Maintenant, par les temps qui courent, ils n’ont plus leur place dans les entreprises même si, à La Poste, ils restent boucler leur carrière, et font des déprimes à répétition. Ils seraient mieux hors de l’entreprise, mais non, le modèle qu’ils conservent en tête, c’est La Poste d’avant. Voilà. Ce phénomène-là, conjugué à l’action de syndicats minoritaires qui ont peu d’audience, qui veulent fermer La Poste, couler La Poste, ce phénomène-là nous poursuit. »
Les quatre syndicats se disent choqués « sur le fond comme sur la forme » par les mots du patron d’un des plus grands groupes publics du pays, qui « aborde avec froideur et une désinvolture étonnante le malaise social à La Poste, réduisant le grave sujet des suicides à un détail statistique, voire un moyen de médiatisation pour les syndicats ». Ces propos sont « insultants et récurrents », s’indigne Bernard Dupin, qui rappelle que l’origine de la crise sociale qui frappe l’entreprise est à rechercher dans « le modèle économique mis en place par Jean-Paul Bailly, fondé sur le court terme, sur une gestion à courte vue et qui ne peut donner de solutions pérennes pour l’avenir du groupe ». Cette affaire intervient au moment où un contrat d’entreprise devrait être signé entre l’État et La Poste, qui « va amplifier les difficultés aussi bien pour les postières et les postiers que pour les usagers », préviennent les syndicats. Ceux-ci ont interpellé le gouvernement pour qu’il « sorte de son mutisme et prenne les décisions qui s’imposent pour donner un avenir à La Poste ».