Manif pour tous : l’inquiétante dérive de la droite
La succession de manifestations, la technique de harcèlement mise en œuvre, l’amalgame entre la droite parlementaire et les groupuscules les plus extrémistes ont révélé des intentions qui vont bien au-delà de la question du mariage gay.
dans l’hebdo N° 1250 Acheter ce numéro
Il est trop tôt pour dire si cette guérilla va cesser ou si la droite persiste dans ce qu’il faut bien appeler une entreprise de déstabilisation politique. La loi dite du « mariage pour tous » devait être adoptée mardi à l’Assemblée. L’objet même du conflit, en tout cas, aura disparu. Du moins, il en va ainsi en démocratie. Mais ne nous y trompons pas : la succession de manifestations, la technique de harcèlement mise en œuvre, l’amalgame entre la droite parlementaire et les groupuscules les plus extrémistes ont révélé des intentions qui vont bien au-delà de la question du mariage gay. L’aile la plus droitière de l’UMP, Jean-François Copé en tête, a tenté au cours des dernières semaines de prolonger dans la rue la stratégie de Nicolas Sarkozy. Nous avons assisté – faut-il en parler au passé ? – à une revanche culturelle du sarkozysme. L’histoire n’est pas sans rappeler celle du Tea Party aux États-Unis : tentative de refondation et d’élargissement de la droite sur un axe plus radical. C’est un jeu dangereux qui a failli briser le Parti républicain américain. L’annonce par l’inénarrable Frigide Barjot – que nous préférons appeler par son nom, Virginie Tellenne – de la présentation de listes aux municipales sous l’étiquette La Manif pour tous montre que la stratégie a encore de l’avenir. Reste à savoir qui tire les ficelles et comment se positionnera la droite traditionnelle par rapport à cette aventure. Sans doute faut-il dire aussi que cette offensive n’a été possible qu’au regard de deux réalités : la crise de la direction de l’UMP et la première année catastrophique du gouvernement socialiste. La France de droite a pris acte d’un rapport de force qui s’est déjà inversé depuis la victoire électorale de François Hollande, le 6 mai 2012.
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