États-Unis : Les belles promesses de Barack Obama
Le Président américain a renouvelé ses engagements de fermer Guantánamo et d’encadrer les attaques menées par des drones.
dans l’hebdo N° 1255 Acheter ce numéro
On devine que Barack Obama serait un chic type, s’il n’était pas président des États-Unis. Périodiquement, il gratifie le monde d’un discours plutôt généreux. Nul n’a oublié celui qu’il a prononcé le 4 juin 2009 à l’université Al-Azhar du Caire. Entré à la Maison Blanche six mois auparavant, Obama avait promis un « nouveau départ » pour les relations entre les États-Unis et le monde musulman, et un engagement résolu en faveur d’une solution au conflit israélo-palestinien. Les observateurs avaient noté une réelle volonté de se démarquer de son prédécesseur, George W. Bush.
Quatre ans plus tard, et au début d’un second mandat, le Président a récidivé par un discours de même facture, prononcé le 23 mai à Washington, devant la National Defense University. Il a notamment réaffirmé sa volonté de fermer Guantánamo. « Une prison qui n’aurait jamais dû exister », a-t-il affirmé, au moment où 103 des 166 détenus du centre de détention américain situé à Cuba sont en grève de la faim. Dont 86 sont détenus sans raison et, évidemment, sans jugement. Une promesse accueillie avec scepticisme par l’avocat Omar Farah, du Centre de défense des droits constitutionnels : « Les détenus ont déjà entendu cette promesse d’innombrables fois de la part du candidat Obama, puis du nouveau Président Obama en 2009, puis encore aujourd’hui de la part du Président réélu. » Seule avancée concrète, l’autorisation qui serait accordée pour le transfèrement de 56 détenus yéménites vers leur pays. Barack Obama a semblé vouloir une nouvelle fois rompre avec la politique de George W. Bush. Évoquant la « guerre contre le terrorisme », il a affirmé : « Cette guerre, comme toutes les autres, doit prendre fin. C’est ce que l’Histoire nous conseille, c’est ce que notre démocratie exige. »
Cette belle pétition de principe intervient alors qu’un débat a surgi aux États-Unis à propos de l’usage des drones, ces petits avions sans pilote. Télécommandés depuis une base située dans le Nevada, des drones américains sèment la mort en Afghanistan et au Pakistan, notamment. Barack Obama a annoncé avoir édicté des règles strictes pour encadrer ces attaques menées contre des cibles dites « terroristes » en territoire étranger. L’incrédulité l’emporte dans les associations de droits de l’homme, d’autant plus que l’opposition républicaine au Congrès a immédiatement condamné le discours présidentiel. Un discours qui ressemble fort à un aveu d’impuissance du Président américain.