GUN Club
Quand nous congédierons todo ce mundo, pensons à passer le balai dans les recoins de l’éditocratie.
dans l’hebdo N° 1251 Acheter ce numéro
Mais toi, par exemple ? T’as envie, toi, que Françoizollande fasse un remaniement pour constituer un gouvernement d’union nationale (GUN) ? Je te demande, hein ? Parce que moi, si tu veux savoir, non. Moi, j’ai pas du tout envie de ça – et, à vrai dire, je connais personne qui ait envie d’un GUN. Très tôt ce matin – à l’heure où blanchit la campagne (HOBLC), nonobstant que l’hiver devrait maintenant s’être rendu depuis de longues semaines –, j’ai fait un sondage téléphonique auprès de mes potes, à la fin de mesurer, sur un tel sujet, leur état d’esprit. Et, bien sûr, ça les a un peu énervé(e) s, que je les appelle un dimanche matin avant six heures pour leur poser des questions à la con, ça te rongerait le tibia de nous laisser dormir, Jack Relou, ou si c’est que ton dernier neurone a fondu ? Mais le résultat de cette consultation est sans appel : personne, au sein de cet échantillon (pas du tout moins) représentatif (que d’autres) de la population françousque, ne souhaite que Françoizollande réunisse une équipe gouvernementale où la gauche (« socialiste ») de droite se mélangerait de plusieurs volumes de droite de droite, histoire de « dépasser les clivages partisans ».
En fait, mon enquête matutinale montre que l’idée même d’ajouter dans le régime un peu d’UMP au P« S » est tellement grotesque – et tellement éloignée des préoccupations d’une population dont l’unique souci est que se vayan todos, et qu’on essaie enfin la gauche, comme nous n’avons plus vraiment fait depuis le début des années 1790 – que personne, parmi les sondé(e)s, n’imaginait, comme me l’a expliqué mon vieux camarade Lucien (avant de me raccrocher au nez), qu’on puisse penser à quelque chose d’aussi radicalement débile. (Nombreuses sont en revanche les personnes interrogées qui ont très nettement signifié qu’elles ne souhaitaient plus que je leur brise l’HOBLC avec mes conneries.)
Et pourtant, je n’ai pas rêvé : le Journal du Dimanche (qui est la propriété d’un businessman qui ne dédaigne point de poser qu’il est comme un « frère » de Nicolas Kozy) proclame ce matin à sa une (et sur la foi d’un « sondage Ifop réalisé auprès de 961 personnes » représentatives selon lui de leurs 65,44 millions de concitoyen[ne] s) que « les Français plébiscitent l’idée d’un gouvernement d’union nationale » où le néolibéral François Bayrou (liste non exhaustive), dans un audacieux montage politicien, aiderait les « socialistes » néolibéraux à changer la vie.
Ce que découvrant, je me remémore – pour ne plus l’oublier, faisons si tu veux bien des nœuds nombreux à nos mouchoirs rouges – qu’il faudra, le moment venu, quand nous congédierons todo ce petit mundo, que nous pensions aussi à passer le balai dans les recoins de l’éditocratie – parce que bon, tu vires le roi, c’est bien, mais si tu gardes dans le paysage les ridicules mais tenaces courtisans de presse et de médias qui lui ont quotidiennement permis pendant toutes ces années d’asseoir l’emprise de son règne inique, à quoi ça sert, je te prie-je ?
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.