La mauvaise foi du Crif

L’audience du procès en diffamation contre l’Association France Palestine Solidarité a rapidement viré à l’affrontement politique.

Lena Bjurström  • 2 mai 2013 abonné·es

Affaire de virgule et de sémantique. L’audience du procès en diffamation intenté par Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), à Jean-Claude Lefort, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), a eu lieu vendredi 26 avril à Paris. En cause, une phrase d’un article paru sur le site de l’AFPS le 5 janvier 2012. Mais, comme chaque orateur s’est empressé de le rappeler durant les deux heures d’audience, l’affaire n’est pas qu’histoire de vocabulaire. Celle-ci remonte à la libération de Salah Hamouri, jeune Franco-Palestinien emprisonné en Israël. Accusé d’intention terroriste à l’encontre du rabbin Ovadia Youssef, connu pour ses prises de position intégristes, il passe plus de six ans dans les prisons israéliennes avant d’être libéré le 18 décembre 2011. Mais, le lendemain, une dépêche de l’agence Reuters lui prête ces mots : « Le rabbin Youssef mérite de mourir », déclenchant un tollé sur Internet. Richard Prasquier s’en indigne sur le site du Crif. Salah Hamouri contredit Reuters, et l’agence publie un démenti. Sur Internet, l’indignation de Richard Prasquier demeure et, au détour de la toile, phrases haineuses et appels à la violence contre le Franco-Palestinien se multiplient.

Le 5 janvier 2012, François Leroux, dénonçant sur le site de l’AFPS l’attitude du Crif, écrit : « Depuis sa libération le 18   décembre, Salah Hamouri  […] subit des accusations très graves du Crif et d’organisations juives d’extrême droite, suivies d’appels contre son intégrité physique, voire au meurtre. » Une formule qui accuserait le Crif d’appel au crime, selon Richard Prasquier, qui s’indigne de la « diffamation ». Pour Jean-Claude Lefort, si « l’absence de réaction du Crif  [au démenti de M. Hamouri] a contribué à faire prospérer   » ces appels à la violence, il n’a jamais été question d’accuser Richard Prasquier de les propager. Affaire « d’honneur » pour l’avocat de ce dernier, le procès semble davantage celui des désaccords entre les deux associations sur la politique israélienne. Devant la 17e chambre du tribunal de Paris, Richard Prasquier s’enflamme, Jean-Claude Lefort lui répond, Salah Hamouri, présent à l’audience, rappelle son innocence. D’un procès en sémantique, l’audience glisse rapidement vers la plaidoirie politique. Le « débat de fond  […] attire comme un aimant », souligne la procureur, qui refuse d’y entrer. Pour elle, les propos ne sont pas diffamatoires. Verdict le 14 juin.

Société Police / Justice
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