Obsolescence programmée : Petites choses fragiles

Les industriels débordent de stratégies pour nous forcer à renouveler nos équipements.

Valérie Tournelle  • 16 mai 2013 abonné·es

La batterie d’un smartphone montre les premiers signes de faiblesse au bout de 300 cycles de charge, soit après 12 à 36 mois en fonction de l’usage, selon l’association Green IT. Ensuite, c’est la panne. Il est certes possible de la changer, à condition d’en trouver une – les modèles évoluent si vite. Et puis il y a le prix… Tandis que les offres alléchantes de remplacement du smartphone incitent plutôt au renouvellement. Et les consommateurs y cèdent tous les vingt mois en moyenne, selon le Centre européen de la consommation. C’est l’une des stratégies de l’obsolescence programmée.

Le coup du composant faible « non remplaçable » est un classique. Une étude de 60 Millions de consommateurs révèle que les écrans plats s’éteignent après neuf ans d’utilisation. Le problème : un condensateur, indispensable à l’allumage de l’appareil. S’il est trop loin des dissipateurs de chaleur, il se détériore. Coût du remplacement : jusqu’à 400 euros. Mal positionné ou fondu dans un circuit imprimé, il n’est pas remplaçable. Idem avec ces connecteurs à moins d’un euro qui condamnent un ordinateur quand ils sont défaillants, parce que soudés sur la carte mère, dont le remplacement coûterait la moitié du prix d’un ordinateur neuf… Les lave-linge : huit sur dix disposent d’une cuve en plastique plutôt qu’en inox. Plus fragiles, elles lâchent avant tout autre organe. Et il faut changer la machine : personne ne remplace une cuve. Autre pratique : le moulage intégral, qui interdit tout démontage. Pour dépanner un sèche-cheveux, il faut casser sa gangue de plastique.

L’obsolescence « d’incompatibilité » est une pratique généralisée dans le monde des nouvelles technologies : ordinateurs, tablettes, mobiles, etc. réclament à cadence soutenue des versions toujours plus récentes du système d’exploitation, plus de mémoire vive, des mises à jour d’applications consommatrices d’espace sur le disque dur… En quelques mois, les modèles, bien que parfaitement fonctionnels, cumulent les handicaps et sont bons pour le rebut. En 2007, l’Agence de l’environnement de la maîtrise d’énergie (Ademe) montrait que seuls 44 % des appareils tombés en panne étaient réparés.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas
« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »
Entretien 8 novembre 2024 abonné·es

« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »

Le collectif de chercheurs Scientifiques en rébellion, qui se mobilise contre l’inaction écologique, sort un livre ce 8 novembre. Entretien avec un de leur membre, l’écologue Wolfgang Cramer, à l’approche de la COP 29 à Bakou.
Par Thomas Lefèvre
Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »
Entretien 6 novembre 2024 libéré

Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »

L’ancien chargé de campagne chez Greenpeace décrypte comment la complicité des ONG environnementalistes avec le système capitaliste a entretenu une écologie de l’apparence, déconnectée des réalités sociales. Pour lui, seule une écologie révolutionnaire pourrait renverser ce système. 
Par Vanina Delmas