Oui à l’amnistie !
L’Assemblée nationale examine ce jeudi une proposition de loi du Front de gauche visant à amnistier des délits *« commis lors de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives ».* Dossier.
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L’Assemblée nationale examine ce jeudi une proposition de loi du Front de gauche visant à amnistier des délits « commis lors de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives ». Adoptée par le Sénat, avec la bienveillante neutralité du gouvernement, cette « amnistie sociale » est désormais refusée par l’exécutif. Du coup, les députés socialistes, tiraillés, ont décidé, mardi, de demander un renvoi en commission, synonyme de report aux calendes grecques.
Pour justifier le revirement élyséen, des socialistes expliquent que l’amnistie était certes une tradition dans notre pays, mais que celle-ci s’est perdue. Avec Nicolas Sarkozy, devraient-ils préciser, si cette continuité leur paraît préférable. Car tous les présidents, jusqu’à Jacques Chirac en 2002, ont fait voter une amnistie après leur élection. Et pas uniquement à cette occasion puisque, en cinquante-cinq ans de Ve République, le Parlement a voté seize lois d’amnistie. Souvent dérisoires, quand il s’agissait de gommer les contraventions routières. Parfois scandaleuses, lorsqu’elles visaient l’oubli de délits financiers commis par des puissants ou des proches.
Certaines amnisties ont aussi permis de cicatriser les blessures d’un conflit ou d’apaiser des passions trop violentes. L’amnistie sociale en discussion ces jours-ci s’inscrit dans cette veine. Il s’agit avant tout de dire que la justice n’était plus juste en se montrant intraitable avec la colère sociale, impuissante (ou douce) avec la violence économique. Ce déséquilibre et la criminalisation des mouvements sociaux ont été tellement accentués, ces dernières années, qu’il est légitime que le législateur fasse preuve de clémence. C’est même la condition pour retrouver le chemin d’une justice clairvoyante et proportionnée.
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