Priorité à la prévention
Neuf mois après la mise en place des ZSP, les ministères de l’Intérieur et de la Justice ont présenté un premier bilan.
dans l’hebdo N° 1253 Acheter ce numéro
C’était l’une des propositions de François Hollande : répondre à la délinquance par la création de zones de sécurité prioritaires (ZSP). C’est-à-dire cibler des territoires touchés par « toute forme d’incivilités, de dégradations, de violences sur personnes, par le trafic de stupéfiants, l’économie souterraine, les cambriolages ». Le but : « Changer durablement le quotidien des habitants, en renouvelant en profondeur les méthodes de lutte contre la délinquance. » La méthode, en l’occurrence, c’est « de faire de la proximité un principe clé ». En associant police, justice, Éducation nationale et différents acteurs. Les premières ZSP ont été créées en septembre 2012. La France en compte aujourd’hui 64. Christiane Taubira, garde des Sceaux, et Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, se sont rendus le lundi 13 mai à Lyon pour dresser un premier bilan des ZSP. Un tableau brossé devant un parterre satisfait de policiers et de gendarmes, d’élus, de magistrats, de bailleurs sociaux, d’éducateurs et d’associatifs (près de 500 personnes amassées dans l’amphithéâtre de l’École normale supérieure de Lyon), ayant planché la matinée avant de rendre leurs conclusions auprès des ministres.
L’occasion pour Manuel Valls, dans un contexte marseillais difficile, mais disant « ne pas craindre l’évaluation », de développer sa politique en œuvre, avec presque des airs de propagande. Avec 500 postes de policiers et de gendarmes créés chaque année de ce quinquennat, principalement réservés à ces ZSP (une manière de dire qu’ils manquaient auparavant) ; 270 renforts d’ici à la fin 2013 ; et une enveloppe de trois millions d’euros. Le bilan actuel enregistre une baisse de la délinquance générale de près de 8 %, et des chiffres très divers selon les zones. De son côté, Christiane Taubira a mis en avant un travail commun « entre sécurité et justice », la prévention et l’individualisation des peines, la « nécessité d’un partenariat pour réussir la cohésion sociale. Nous sommes dans une phase gratifiante, a-t-elle ponctué. Mais cette satisfaction s’accompagne d’une vigilance en éveil ». En effet, des questions restent en suspens : les ZSP ont-elles vocation à durer et à se démultiplier ? Et comment en sort-on ? Trop de ZSP ne risquent-elles pas précisément d’affaiblir les priorités ? Quels seront les budgets à l’avenir ? Il faudra répondre au moment d’un état des lieux prévu en fin d’année.