Quelle école pour les profs ?
Les nouvelles structures de formation destinées à remplacer les IUFM soulèvent de nombreuses questions.
dans l’hebdo N° 1253 Acheter ce numéro
Nouveau nom de code : « ESPE ». Le 1er septembre 2013, les écoles supérieures du professorat et de l’éducation vont remplacer les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), moribonds à la suite de la réforme de la « masterisation ». En effet, depuis 2010, les lauréats des concours de l’enseignement ont vu leur année en IUFM supprimée au profit de quelques semaines de stages éclatées dans l’année. La loi sur la refondation de l’école cherche à rétablir une formation. Reste à savoir comment. Les ESPE entendent former les futurs enseignants, assurer la formation continue des enseignants et des personnels d’éducation, participer à la formation des enseignants-chercheurs et enseignants du supérieur, conduire des actions de formation aux métiers de l’éducation et contribuer à la recherche et à la coopération internationale. Qui trop embrasse mal étreint ? C’est la crainte de certains spécialistes, dont Michel Latchoumanin. Professeur des universités en sciences de l’éducation à La Réunion, il aurait préféré que les ESPE se concentrent sur la pratique.
La loi veut au contraire « rassembler toutes les forces scientifiques et pédagogiques sur un même site dans une même académie ». Les ministères concernés, Éducation et Enseignement supérieur, présentent les ESPE comme de « nouvelles structures » : composantes des universités, elles reposeront sur leur coopération, les champs disciplinaires, les services académiques et les établissements. Elles recevront une accréditation de l’État pour élaborer les emplois d’avenir de professeurs et former les étudiants en Master Meef (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), avec une deuxième année en alternance. « Quelle cohérence d’une académie à l’autre ? », s’inquiète le Groupe reconstruire la formation des enseignants (GRFDE), après une première évaluation. « Si le projet convient à 11 académies pour l’essentiel, pour 7 (dont de très grosses comme Versailles, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nantes) tout est à revoir, tandis que 9 autres sont dans une situation “intermédiaire”. » Quelle unité de lieu ? Quelle réforme des concours et des contenus de formation ? Qui pilote ? Quels temps de stage ? Quid des « reçus-collés » ? Quelle préprofessionnalisation et quels systèmes de bourses ? Quel « rattrapage » pour les lauréats 2010, 2011 et 2012 ? Cadrage national ou volonté de régionalisation ? Les projets d’accréditation doivent être déposés avant fin mai.