En Europe de l’Est, la répression continue
La conférence a mis en lumière de multiples violations des droits de l’homme dans ces pays.
dans l’hebdo N° 1258 Acheter ce numéro
Dans la grande salle de la conférence, Igor*, jeune homme frêle de 25 ans, s’empare du micro, ému : « Nous, usagers de drogues de la Fédération de Russie, commençons à perdre espoir. Les lois sont de plus en plus répressives et nos droits sans cesse bafoués. Il faut que les participants à cette conférence en prennent conscience et agissent. Il y a urgence ! » Igor est le huitième à livrer son témoignage au cours de cette session consacrée aux « violations des droits de l’homme » dont sont victimes les usagers de drogues dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale et d’Asie centrale. Alors que les conférenciers occidentaux, devant l’institutionnalisation chez eux des programmes de réduction des risques, revendiquent maintenant une réforme des législations répressives à l’encontre des consommateurs, la tenue pour la première fois en Europe orientale d’une telle conférence vient rappeler que leur situation dans cette partie du monde demeure dramatique.
Répression policière, interdiction des traitements de substitution à l’héroïne, absence d’accès aux thérapies contre le sida et les hépatites sont le lot commun des usagers russes, biélorusses, moldaves, géorgiens, ukrainiens, kirghizes… Mais aussi lettons, lituaniens, roumains, bulgares, voire polonais, pourtant tous citoyens de l’Union européenne. Comme ce jeune Lituanien condamné à 40 jours de prison, laissé tout ce temps au fond d’une cellule, en manque, sans son traitement à la méthadone, à qui on a même refusé un cachet d’aspirine… « En Russie, tu ne peux pas aller voir les médecins car ceux-ci pensent que, si tu es drogué, c’est de ta faute et tu mérites la prison », dit Larissa, de Kaliningrad, « je travaille aujourd’hui dans une association de réduction des risques. J’ai 55 ans et j’ai consommé des drogues pendant 38 ans. J’ai mis 30 ans à comprendre que j’avais des droits… »