Mandela : Inspiré par Gandhi

Nelson Mandela a été très tôt imprégné d’une philosophie non-violente. Récit d’une existence tournée vers une farouche revendication d’égalité.

Denis Sieffert  • 27 juin 2013 abonné·es

Nelson Mandela a eu trois vies. La première est celle des années de formation et de la prise de conscience politique. Issu d’une famille royale de l’ethnie Xhosa, dans la province du Transkei, Rolihlahla (à qui une institutrice donnera le prénom de Nelson) est le premier enfant de la famille à fréquenter l’école, puis l’université. C’est là, à Fort Hale, où il poursuit ses études de droit, qu’il se heurte pour la première fois au nationalisme et au racisme des Afrikaners. Et c’est au cours de ces années, la fin des années 1930, qu’il se forge une philosophie inspirée de Gandhi. Cet héritage est très important pour comprendre l’action de Mandela, sa réticence à s’allier aux communistes, et jusqu’à la façon dont il exercera le pouvoir. La deuxième vie de Nelson Mandela commence en 1944 avec son adhésion au Congrès national africain, dont la revendication est le suffrage universel pour tous. Le combat de l’ANC prendra un tour nouveau en 1948 lorsque le Parti national remporte les élections et institue une politique de ségrégation connue sous le nom d’apartheid. En 1951, Mandela est avec son compagnon de lutte Olivier Tambo le premier avocat noir du pays. Élu vice-président de l’ANC, il organise des campagnes de désobéissance civile.

Un tournant s’opère en 1961, à la suite du massacre de Sharpeville (69 morts dans une manifestation). Mandela fonde la branche militaire de l’ANC et entame une campagne de sabotage. Accusé de sédition, il est condamné au procès de Rivonia le 12 juin 1964 à la prison à vie. C’est le début d’un long tunnel de vingt-sept ans qui fera de lui le plus ancien et le plus célèbre prisonnier du monde. Malgré l’enfermement, le prestige de Mandela ne cesse de grandir. Et lorsqu’en 1989 le pouvoir blanc est contraint de négocier par une campagne internationale de boycott, c’est vers le prisonnier de Pollsmoor qu’il se tourne. Après avoir refusé une première fois une libération sous condition de renoncement à la violence, Mandela recouvre finalement la liberté devant les télévisions du monde entier, le 11 février 1990. Commencent alors les années de pouvoir, la troisième vie de Mandela. En 1994, il partage le prix Nobel de la Paix avec l’ancien Président de Klerk. Dès son premier discours, il fait le serment d’œuvrer à la réconciliation nationale. Président de la République de mai 1994 à juin 1999, il emploiera toutes ses forces à tenir cet engagement.

Monde
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