Un bon plan pour la bio ?
Comment faire pour désintoxiquer la profession du productivisme à l’ancienne ?
dans l’hebdo N° 1256 Acheter ce numéro
Depuis son arrivée au gouvernement, le ministre de l’Agriculture veut faire prendre un virage à l’agriculture française. Trop de pesticides, trop d’engrais chimiques, des sols qui s’épuisent : le constat est inévitable. Mais comment faire pour désintoxiquer la profession du productivisme à l’ancienne ? En décembre dernier, Stéphane Le Foll a lancé son concept phare : l’agroécologie. Il s’agit ni plus ni moins de faire de la France agricole un modèle européen de vertu environnementale. Le ministre a lancé ou accentué des plans dans plusieurs domaines – réduction des pesticides, soutien à l’apiculture, essor de la méthanisation… Et, dernièrement, développement de l’agriculture biologique.
Stéphane Le Foll avance sans faire trop de vagues pour le moment. Ce qui n’est jamais un bon signe politique dans ce pays où la défense des intérêts agricoles met promptement des tracteurs et du purin devant les ministères. Michel Barnier avait mis les grands céréaliers dans la rue quand il avait voulu toucher à leurs aides. Le Foll n’en est pas là : c’est donc qu’il n’a pour le moment guère bouleversé les équilibres. L’agriculture industrielle s’accommode encore de ses tentatives modérées de verdissement.
La défense de son plan Ambition bio 2017 le confirmera-t-il ? Pour être crédible, son projet de doubler les surfaces en bio d’ici à la fin du quinquennat de François Hollande exigerait que soit réformé au plus vite le mécanisme des aides de la Politique agricole commune, qui contrarie les velléités de passage à la bio en gratifiant l’agriculture industrielle à fort rendement. Plusieurs pays européens y sont prêts. La France n’y est pas opposée, mais il est prévisible qu’elle traîne des pieds pour retarder l’échéance. C’est en tout cas ce que Stéphane Le Foll laisse entendre devant les gros bataillons de la FNSEA, qui font partie des plus importants bénéficiaires des subventions européennes. On saura bientôt de quelle « ambition 2017 » se prévaut le ministre de l’Agriculture.
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