Ministre et « romanesque » (À flux détendu)

Il y a plein de méchants qui en disent du mal : Frédéric Mitterrand (voir ici-même la semaine dernière), Christian Estrosi, Beaux-Arts magazine ou des « on » non identifiés… Pas de doute, tous de redoutables calibres. Alors le Monde décrète qu’il faut stopper le « Filippetti bashing » (vous avez compris que désormais on n’écrit plus « campagne de dénigrement », mais « Duchnock bashing », c’est moins has been …) Le Monde, répondant en tant que grand quotidien à sa mission de contre-pouvoir, défend les gentilles ministres contre les gros méchants.

Cela donne, en une du Magazine du Monde du 6 juillet, sous le portrait de la ministre de la Culture, ce titre : « Ambitieuse, romanesque, fragile, séductrice… Qui est vraiment Aurélie Filippetti ? ». Et à l’intérieur, un article de Béatrice Gurrey, qui répond ainsi à la question posée : « C’est une femme très moderne, une séductrice et une héroïne antique. Antigone, Hermione et Bérénice à la fois. » Une pauvresse.

Même les tentatives de banderilles ressemblent à des compliments. Comme celle-ci : « C’est une ambitieuse, qui sent le vent et change de cheval quand il le faut. » D’autant que, deux lignes plus loin, l’auteure tempère sa plume intrépide : « C’est pourtant une femme sincère. » Béatrice Gurrey donne aussi du contenu à son portrait qui sent la poudre… de riz : « Il y a pour cette militante quelque chose d’existentiel dans la culture qui peut “changer la vie des gens”.  » On devine à ces termes la profondeur de l’échange entre la ministre et la journaliste.

Il fallait bien ces trois pages nourries pour accomplir le portrait de l’une « des nouvelles icônes de la gauche », de « cette comtesse aux pieds nus ». Il fallait aussi une femme pour lâcher ce jugement politiquement incorrect : « Elle est très jolie. » « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloges flatteurs » …