Partager le congé parental
La ministre du Droit des femmes présente un projet de loi pour lutter contre les inégalités de carrières.
dans l’hebdo N° 1260 Acheter ce numéro
Lutter contre le décrochage salarial. C’est ce qui a motivé la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, dans sa réforme du congé parental. Celle-ci constitue une des mesures phares de son projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes présenté le 3 juillet en conseil des ministres. Son objectif : passer de 18 000 pères en congé parental à 100 000 et décourager la prise de congés longs, autorisés jusqu’à six mois pour le premier enfant, et jusqu’à trois ans ensuite. Pour ce faire, le projet de loi propose d’autoriser, sur le congé long uniquement, l’un des deux parents à prendre 2 ans et demi et le second, le père dans la majorité des cas, les six derniers mois. Si le but était de favoriser le retour rapide des femmes au travail – une absence d’un an se solderait par un décrochage salarial de 10 % –, pourquoi ne pas avoir réduit le congé parental à une période plus courte, mieux indemnisée ? Pour une raison simple, a reconnu la ministre sur France Inter le 2 juillet : le manque de places en crèches. Créé dans les années 1980, le congé parental vient pallier l’absence de solutions d’accueil pour le jeune enfant. De plus, si le montant de l’allocation était plus important, les femmes seraient moins incitées à retravailler. Résultat : cette réforme va peiner à faire valoir son impact sur les inégalités de carrière.
Reste son volet déstigmatisant pour les hommes candidats au congé parental. Étant donné le montant du complément pour libre choix d’activité (CLCA) – 380 euros environ –, le congé parental long ne restera cependant envisageable que pour les foyers aisés (qui peuvent vivre trois ans avec un seul salaire) ou précaires – où le montant des aides équivaut à un salaire englouti par un mode de garde. Pour nombre d’associations familiales, il aurait mieux valu favoriser un congé mieux partagé et un meilleur encadrement des conditions de départ d’un salarié (pour l’employeur) et de retour. Autres dispositions : la création d’une garantie publique de recouvrement des pensions alimentaires. L’allocation de soutien familial versée par la CAF est augmentée, cependant que l’institution ira réclamer son dû. Aujourd’hui, 40 % des pensions ne sont pas versées, et un foyer monoparental sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Concernant les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale et la parité, la ministre est attendue au tournant.