Paupérisation programmée
France Télévisions se trouve dans une position financière difficile. Pourra-t-elle sabrer dans les budgets sans renoncer à ses missions ?
dans l’hebdo N° 1262 Acheter ce numéro
Le groupe public doit réaliser 150 millions d’euros d’économie d’ici à deux ans. Un trou dans les caisses lié à la baisse de 2 % de la dotation budgétaire de l’État sur trois ans et à une diminution des ressources publicitaires de l’ordre de 85 millions par rapport à ce qui était prévu. La dernière augmentation de la redevance, fixée maintenant à 131 euros (+ 6 euros, dont 2 au titre de l’inflation), n’a pas suffi à assurer le financement du groupe de façon pérenne.
Le déficit était quasi écrit dans la loi de Sarkozy sur l’audiovisuel public, en 2009. Supprimer les recettes que générait la pub après 20 heures, sans même indexer la redevance sur l’inflation (entre 2005 et 2012), c’était placer le service public dans une paupérisation programmée. Si le budget est de 2,9 milliards d’euros, dont 1,1 milliard dévolu aux programmes, Aurélie Filippetti a mis en place un groupe de travail parlementaire chargé de réfléchir à l’évolution des recettes pour le service public. Qu’en sortira-t-il ? Un retour à la publicité entre 20 heures et 21 heures, comme le souhaite Rémy Pflimlin ? Un élargissement de la redevance aux résidences secondaires, comme on pouvait l’espérer ? La cession de certains droits sportifs, toujours très onéreux ? De nouvelles taxes visant smartphones et tablettes ? Ou carrément la cession d’une chaîne comme France 4 ? France Télévisions dit vouloir maintenir son engagement de 50 % des investissements dans la création patrimoniale. Tiendra-t-elle cet engagement ? À défaut, cela sonnerait comme un renoncement à ses missions.
Autre motif d’inquiétude, depuis l’automne 2012 : la volonté de rapprocher d’ici deux ans les rédactions de France 2 et de France 3, pour réaliser une économie de 7 à 8 millions d’euros. Une fusion qui ne dit pas son nom, que les syndicats perçoivent comme une « BFMisation » de l’info et un risque sur le pluralisme. En attendant, sur un total de 10 500 salariés, le groupe a entamé un plan social avec 650 départs volontaires, équivalents temps plein. Ou contraints, redoutent les syndicats, si les candidats viennent à manquer.