Nouvelle promesse (À flux détendu)

Artémis cœur d’artichaut, d’Hubert Viel, un film « amateur », dont les petits moyens sont compensés par une liberté totale.

Christophe Kantcheff  • 26 septembre 2013 abonné·es

Être jeune, vouloir coûte que coûte faire un film, tourner avec les moyens du bord. Quand Hubert Viel s’est engagé dans le projet d’ Artémis cœur d’artichaut , il ne s’est pas posé de questions. Son scénario précédent, « trop ambitieux » pour un débutant, reconnaît-il aujourd’hui, avait été refusé par tous les guichets publics de financement : CNC, régions… Il lui restait donc à faire un film léger, rapide, peu coûteux, avec des copains techniciens et des actrices non professionnelles. Voici Artémis cœur d’artichaut. Film « amateur », si tant est que ce qualificatif puisse être pris dans son acception positive. C’est-à-dire un film d’à peine plus d’une heure, dont les petits moyens sont compensés par une liberté totale, le désir de ne pas se brider, de ne pas essayer de correspondre à ce qu’on attend prétendument d’un premier film ou d’un film tout court. Hubert Viel a ainsi opté non seulement pour le noir et blanc mais aussi pour le super 8. Une image à gros grain, parfois floue mais toujours vivante, surprenante sans requérir d’effets, et produisant à elle seule de la fiction – le super 8, que toutes les nouvelles techniques, en particulier le numérique, n’ont jamais pu imiter. Ses deux actrices, Frédérique Barré (Artémis) et Noémie Rosset (Kalie), sont formidables. La seconde, graphiste dans le civil, n’avait jamais joué : un miracle de fraîcheur, de vivacité, d’incarnation. Si Hubert Viel ne peut se cacher d’être influencé, comme d’autres jeunes cinéastes, par la Nouvelle Vague – celle des tout débuts, des courts métrages de Godard notamment – ou par Eustache, il a son monde à lui. Et ose quelques effets spéciaux pour raconter une histoire où le fantastique relève des pouvoirs d’Artémis, qui sont aussi la marque d’une inadaptation au monde. Entre insouciance et mélancolie, appétit de vivre et introversion, Artémis cœur d’artichaut est une nouvelle promesse dans un cinéma français qui, cette année, en est prodigue.

Culture
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