Parutions de la semaine
dans l’hebdo N° 1268 Acheter ce numéro
Keep Your Eye on The Wall
Sous la direction d’Olivia Snaije et Mitchell Albert, Textuel, 45 euros.
Pour Amnesty International, les éditions Textuel ont publié cet été un livre de photographies consacré au mur érigé par Israël en Cisjordanie. Sept photographes témoignent du « nouveau paysage palestinien ». Dans la première partie de l’ouvrage, conçu comme un dépliant, plusieurs auteurs questionnent cet édifice monstrueux quatre fois plus long que le mur de Berlin. « Pour ou contre une esthétisation du mur de séparation ? », se demande notamment la journaliste Malu Halasa, qui évoque les nombreuses interventions d’artistes sur ce support singulier. Dans la préface, Elias Sanbar attire l’attention du lecteur sur un aspect du projet israélien qui « consiste à ôter les Palestiniens de la vue des occupants, à en faire des disparus chez eux ».
Théorie du drone
Grégoire Chamayou, La Fabrique, 368 p., 14 euros.
Le 31 août, Obama vient d’envisager des frappes – uniquement aériennes – en Syrie, après l’attaque chimique dans la banlieue de Damas. Le lendemain, le quotidien de la gauche critique italienne, Il Manifesto, commet ce titre génial, au-dessus d’une photo du président des États-Unis : « I have a drone » ! Il est ainsi devenu certain qu’une telle opération militaire fera l’usage de drones. Le philosophe Grégoire Chamayou analyse les modifications des formes des conflits induites par ces engins robotisés. Une « arme du lâche », selon l’auteur, car, télécommandée par des « opérateurs invisibles et invulnérables », elle oblige à repenser les concepts jadis évidents de combattant (désormais sans combat) et de zone de conflit (car éclatée en de multiples lieux). Un livre aussi brillant qu’accessible.
Miroirs des princes
Narcissisme et politique
Michel Schneider, Flammarion, 142 p., 12 euros.
Psychanalyste et essayiste, Michel Schneider nous propose une brillante réflexion sur le narcissisme en politique. Il analyse les méfaits de « cette drogue dure, l’addiction au pouvoir », et peint ce nouveau paysage où « l’exhibitionnisme des politiques répond à l’avide indiscrétion des journalistes et suscite l’appétit nauséeux du public ». Michel Schneider ne manque pas d’illustrer son propos par des exemples d’actualité. Peu sont épargnés… Loin d’être seulement psychologique ou esthétique, le tableau (au sens clinique du terme) débouche sur une conclusion politique, car la « comédie du paraître » n’est pas sans conséquences sur l’intérêt général quand « le narcissisme prend le pouvoir ».
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